différens papiers, .je n’y ai rien trouvé, tout étoit évaporé:
le papier à la place où avoit été le dépôt, étoit feulement
teint d'une légère couleur citrine.
Dans ce même temps j’écrivis à Madras à une perfonne
de mes amis qui étoit allée faire un voyage en cette ville,
de m’apporter deux bouteilles de l’eau dont les Indiens fe
fervent pour préparer la teinture de leurs toiles ; ce q u i fut
exécuté très - fcrupuleufement & ponélueIlementv Les bouteilles
me lurent remifes cachetées : je mis fur le champ ces
eaux en expérience ; je trouvai les mêmes réfultats que .pour
les eaux de Valdaour & d’Oulgaret. J’en tirai cette confé-
quence, que les eaux étant les mêmes à Pondichéry & à
Madras, les François pourroient avoir à Pondichéry des
Manufa&ures où l’on imiteroit, fi on ne furpaffoit p a s , la
main-d’oeuvre de Madras dans l’art de faire ces toiles peintes
appelées Chittes dans le pays, & connues ici fous le nom de
JPerfes ou d’Angloifes. Si les Angiois à Madras ont de la fupè-
riorité en ce genre de toiles fur les François,, à Pondichéry,
elle ne vient certainement pas de la différente qualité des
eau x, mais du génie Angiois, qui lait peut - être tirer des
gens de l’Inde, un bien meilleur parti que ne font les François
établis à Pondichéry. Je fuis forcé de rendre juftice à la
vérité. Voyageur impartial, je parle fans préjugé; les François
que j’ai vus pendant mes voyages ne m’ont pas paru fi
'adonnés au commerce que me l ’ont paru les Angiois & les
Hoflandois. Cette bbfervation que j’ai faite pendant d ix à
onze ans de féjour dans l’Inde , me fait douter que les
François y aient jamais un établiffement folide.
Pondichéry, dans fa fptendeur, étoit peu de chofe quant
au commerce, cette ville n’a jamais été bien marchande;
d a n s l e s M e r s d e l ’I n d e .
félon moi, elle n’a dû ion éclat paiîager qu’aux armes victo-
rieufes de la. Nation, & au faite oriental que ion C h e f y
entretenoit. Dans ces derniers temps-, Pondichéry a vu fes
murs & fes temples renverfés, fes maifons détruites, & fes
habitans menés pour ainfi dire en captivité; pour rétablir cette
ville & rappeler fes habitans difperies, on. a véritablement
çhoiij peut-être le feul homme capable d’une entreprife au 15
grande, par la profonde connoiffance qu’il a de la politique
de l’Inde. II failoit en effet, dans un climat ft éloigné, cet
homme{âge & éclairé, pour aplanir mille & mille difficultés
qui ont dû fe préfenter d’abord, 5c pour rebâtir Pondichéry
au point où- je i’ai laide.
Quand la reconnoiiîànçe &. mon attachement à M , LatM
ne. me guideroigiit pas dans ce que je dis de lui dans cet
article, l’amou? du vrai me forceroit à luit rendre la jnffice
que je crois qu'il mérite. Les deux aidées de Tifferans qui
fe fbrmoien.t à Pondichéry iorfque j’en, fùig parti-, étoient
une iliite des vues de commerce de ce Gouverneur , & des
foins qu’il, s’étoit donnés en conféquence de ces vues. J-e ne
dois p as omettre ici que M. de Larche, ancien Confeilier au
IConfeii fupérieur, avoit fondé une de ces deux aidées. Elles,
promettoient beaucoup en 1 7 7 0 , avant mon. départ;. 5 t en
continuant de Éavorifer ie commerce, St. attirant pour cet
effet de bons Peintres à. Pondichéry, il feroit. poffible, d’y
luire par la fuite des ouvrages anffi parfaits que ceux que
l’on fa it à Madras : mais je doute que la chofe puiffè arriver,
fans le concours.de deux caufes ; il.faudrait, à mon, avis
que les François s’adonnaffent davantage au commerce de
1 In de, & que Pondichéry appartînt à, une Compagnie ; c’efb
mon opinion. Mais iaiffant à part: la politique, il. iùffil que