point comment iis s’en fervoient; & quoique tout le.monde
lâche ce qu’on entend par gnomon, -il y a dans ia façon de
s’en fervir par les Brames, quelques circonflances dignes de
curiofité, qui peuvent nous donner une idée de la manière
dont les Chaidéens faifoient' ufage du gnomon ; car il y a
bien de l’apparence que ie,s Brames de nos jours tirent leurs
connoifiances aitronomiques des anciens Bracmanes, &
ceux-ci des Chaidéens.
Le.gnomon fort aux Brames à tracer la ligne méridienne,
a orienter leurs pagodes, & enfin à trouver de combien la
longueur d’un jour quelconque de l’année, pris hors des
équinoxes, excède la durée du jour de l’équinoxe, ou eft
plus petit que ce même jour.
Ces Aflronomes ne font leur opération du gnomon que
le jour de l’équinoxe. Voici quelle eft leur méthode.
Ils difent que le jour de l’équinoxe le Solêil eft au milieu
du monde ; & que là ou eft cet Aftre, les corps ne font
point d’ombre. Ils cherchent donc le jour que le Soleil a
douze fignes, ou o lignes ( nous enfeignerap ce calcul,
feélion II. du calcul des Éiffipfes de Soleil). Ce calcul une
fois fait, on égaiife ( dit la méthode ) un terrein, & on le
met de niveau. Au milieu, on plante à plomb une règle ou
perche quelconque, dont la longueur eft arbitraire, mais
qui doit être divifée depuis le terrein jufqu’au fommet en
douze parties égales qu’on nomme angoulam, ( c’eft-à-dire
ongles, pouces ou lignes ) & chacun de ces pouces eft;
fubdivile en foixante parties qu’on nomme chevi-angaulam,
( feconds pouces ) ; on obierve eniùite la plus petite ombre du
Soleil, & on melùre la longueur de cette omhre en parties
du gnomon qui fert d’échelle.
Cette longueur de l’ombre du gnomon. pour un lieu
donné, fera: toujours la même, difent les Brames, pour le
lieu où elle aura été une fois obfervée.
Lorfque les Brames veulent bâtir mie pagode, & que la
Divinité à laquelle cette pagode doit être dédiée , leur a fait f S
révéler fes ordres, & l’endroit quelle affeétionne plus particulièrement
, ils emploient l’opération du gnomon ; pour lors
ils décrivent de fon pied un cercle , & par le moyen dp
deux points d’ombre ils tracent une ligne méridienne qui
fert à orienter lapagode & les pyramides dont elle eft ornée.
Dans toutes les pagodes, l’édifice eft une elpèce de quarré
dont les côtés regardent les quatre parties du monde.
Les pyramides des pagodes font en général des morceaux
curieux, quoique d’une architeélure bizarre aux yeux d’un
Européen : elles font fort élevées, dans la forme de celles
d’Egypte, furchargées d’ornemens dans le goût de ceux de
nos églifes gothiques ; & elles fervent de portail & d ’entrée
au temple. Je me fois donné la peine de meforer & de
prendre la direétion de celles de Vilnour, petite ville indienne
à deux lieües à i’oueft de Pondichéry; j’ai trouvé que les
quatre faces de ces pyramides regardoient exaétement les
quatre points cardinaux.
On me demandera fi les Brames corrigent la Méridienne,
à caufe du changement du Soleil en déclinaifon dans l’intervalle
de temps des deux points d’ombre, pris le matin & le
foir, fur-tout le jour de l’Équinoxe.
Les Brames, il eft v ra i, ne font point cette correélion ;
ils ne la connoiflent même pas. Au refte, cette correélion,
calculée pour ia latitude de Pondichéry, pour le jour de
1 Équinoxe, & pour fept heures environ d’intervalle du matin
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