E xt ra i t de la Lettre que j ’écrivis à M. de TremolHères,
Secrétaire du Confeil Supérieur.
A P o n d ich é ry , le 2$ A o û t 176 5 .
M o n s i e u r ,
J ’ai l'honneur de vous envoyer le réfultat des, expériences que
j ‘ai faites fu r les eaux dOulgaret & de Valdaour, pour les
communiquer au. Confeil Supérieur. Vous verre^, Monfieur,
par ces expériences , que l ’eau d’Oulgaret mérite la préférence
fur l ’eau des limites de Valdaour ; mais ç’efl de f i peu de choje
que l ’on peut, fans aucune crainte, prendre des deux eaux, celle
qu on voudra pour la conduire à Pondichéry.
Avant mes expériences, je tremblois qu’on ne me f ît boire
d autre eau que celle dOulgaret; aujourd’hui qu’on m’en apporte
d Oulgaret ou des limites de Valdaour, je la boirai avec la
meme confiance. L e Confeil Supérieur peut faire la même chofe.
avec une confiance égale à la mienne.
Jepenfe que ces eaux, ainfit que toutes, celles que l ’on rencontre
au pied ¿ f le long du coteau -, viennent, pour la plus grande
partie, de ce grand étang qui eflà deux lieues d’ici, aux environs
de Vilnour, & que les différentes qualités qu’on trouve à ces
eaux, proviennent des différent canaux fouterrains par où elles
font forcées de paffer pour fie rendre de l’étang au pied du.
coteau.
J ’ai l ’honneur d’être, ¿de.
Expériences fur les Eaux d’Oulgaret ix" des limites de
' Valdaour.
Le Conlèil Supérieur de Pondichéry m’ayant fait l’honneur
dé me confuiter & de me demander mon avis lûr ia qualité
'des eaux d’Oulgaret & de celles que l’on trouve proche les
limites fur le chemin de Valdaour, je'me traniportai fur lés
lieux le 2 2 Août, avec le fieur Bourcet, faifant les fondions
d’ingénieur en chef de cette ville ; nous fimès puifer en
notre préfence, de l’eau des puits qui font à côté des iources,
& qui fourniiîènt à ces puits l’eau qu’ils ont ; une portion
de ces eaux, étiquetée, fut remife à M. C o lin , Chirurgien-
major de tous les Hôpitaux ffançois dans l’Inde, nommé
ainfi que moi, par le Confeil Supérieur, pour examiner ces
eaux : je gardai l’autre portion, fur laquelle j’ai fait, dans
le cabinet de M. Law & en fa préiènee, les expériences
fuyantes :
Je pris cinq verres, je mis environ trois cuillerées d’eau du
puits de la fource d’Oulgaret dans chacun de ces verres, il
y avoit vingt-huit à trente heures que cette eau étoit repofée.
Dans le premier verre, je jetai une pincée de poudre de,
noix de gale.
Dans Te fécond, je répandis, avec le dos d’un canif, un
peu de làvon d’Europe, lans rien agiter.
Dans le troifième, je laiflai tomber cinq à fix gouttes de
diifolution de mercure par l’efprit de nitre.
Dans le quatrième, je laiilài tomber cinq à iîx gouttes
d huile de tartre par défaillance.
Enfin, dans le cinquième, je jetai une pincée de poudre
d’alun de roche.
Ces moyens m’ont été indiqués par M. Heilot , avec
plufieurs autres dont je n’ài pu faire ulàge, parce que je n’ai
pu me procurer les matières néceiîâires.
La noix de gale a donné à l’eau une couleur rouffe.
Le favon s’eit mêlé également dans toute la maife de l’eau.