Êrèhemens
hiftoriques ¿7*
inrérejfans, part,. II, p. 4..
Holwell,
part. II, p. 4.
n’eft certainement pas dans ion expédition de l'Inde : cette
expédition ne lui ayant étéjîiggérée que par l’ambition &
l’envie de faire parler de lu i, n’a pu être conduite ni foutenue
par des vues de juftice & d’équité.
Toute l’hiftoire de ce Prince, depuis la bataille d’Arbelles
( & c’eft l’époque de la chute de fa véritable grandeur ) jufqu’à
ià mort, ne paroît quun tiffu de fables & de menfonges.
M. Holwell prétend, avec raifoh, que la plus grande partie
de i’hifloire de cette invafion efï auffi peu digne de foi que
celle de Séfoftris & de Bacchus.
Les hiftoriens d’Alexandre auront voulu flatter là vanité &
la leur, en faifant faire à leur héros des chofes extraordinaires',
en lui faifant foumettre des Rois puiifans & imaginaires ,
auxquels ils n’ont pas même eu i’adreffe de donner des noms
analogues: à leur roman, car il n’y a jamais eu dans l’Inde des
noms en us, ni par conlequent de Porus ni de Calanus, & c.
ni des noms grecs ; c’eft-à-dire de Taxile, d Axiane & de
Cle'ophile; de plus, pour peu qu’on connoifle 1 Inde on efl
en état d’apprécier ces belles conquêtes d’Alexandre fi vantées,
& de les réduire à leur jufte valeur : on ne balancera pas de
mettre celles de Gengis-kan bien au-deflus, quoiqu’elles ne
foient pas écrites avec l’emphafe de Quinte-Curce.
L ’iiluftre Auteur de Y E/prit des L o ix , parle à la vérité
d’Alexandre avec éloges dans fon premier tome, mais il faut
bien obferver qu’il parle alors d’Alexandre vainqueur des
Grecs & des Perfes ; il fe tait fur fon expédition de l’Inde,
il ne paroît pas même en faire beaucoup de cas dans le cinquième
tome de fes Ouvrages ou dans lès Lettres Periànes,
quand il dit, page 2.1 g , qu'efl-ce que les conquêtes d!Alexandre
en comparaison de celles de Gengis-kan / _
d a n s l e s M e r s d e l ’I n d e . 10 1
En effet, à qui Alexandre eft-il redevable de la rapidité
de fes conquêtes & de fon brigandage dans l’Inde, comme
l’appellent les Indiens l à deux évènemens tout-à-fait heureux;
à la mort de Memnon & à la guerre qué les Carthaginois
avoient alors à foutenir en Sicile.
.Si Memnon ne fût pas mort fi- tô t , la diverfion que
Darius avoit projeté de faire eut donné bien de l’inquiétude
à Alexandre, & fi les Carthaginois n’avoientpas été occupés
en Sicile, ils auroient certainement envoyé du fecours aux:
Tyriens; o r , maîtreflë , comme elle étoit alors de la mer,
Carthage auroit certainement fait lever le fiége de T y r ,
puifque fans aucuns fecours, par fa brave réfiftance, cette
infortunée ville ïéduifit Alexandre au- point de .délibérer s’il
11’abandonneroit point fon entreprife.
Pour revenir à Quinte-Curce, je ne m’arrêterai pas à
apporter ici toutes les raifons qui me font croire que la plus
grande partie de fon hifloire de i’invafion d’Alexandre dans
l’Inde eft un roman, on peut voir ce qu’en dit Guy-Patin ,
page ÿ 6 de fes Lettres, & Holwell dans fon hifloire de la
religion’des Gentils : je me borne au fait fuivant
Quinte-Curce prétend que Porus avoit un grand nombre
de chariots dans fon armée ( Summa virium in cUrribus, ¿r"c. ) ,
c’eft fuppofer des. chariots de guerre dans un pays où il
n’y en eut jamais, mais il fufîîfoit qu on s en fervit ailleurs
pour que Quinte-Curce en fuppoiat chez les Indiens, quille
connoiffent cependant & n’ont jamais connu que les
éléphans dont ils fe fervent encore aujourd’hui. Si Quinte-
Curce a métamorphofé les palanquins en chariots, je ne ferai
pas étonné qu’Alexandre en foit venu à bout, car le palanquin
n’eft pas une voiture propre à fe battre»
Quinfc-Curatï
Ub, vil i f copie
*4'.