que j’ai de la perte de [’Utile, je trouve que ce VaiiTeau,
le jour qu’il Te perdit, avoit obfervé à midi la latitude depuis
1 6 degre's 8 minutes jufqu’à 16 degrés 18 minutes, ce qui
fait 10 minutes d’incertitude: or, depuis midi on continua
de courir la bordée de l’Ç.ft au plus près du vent qui etoit
au Sud-fud-eft, petit frais à faire faire au plus quatre noeuds;
& qu’à t o heures 21 minutes du foir, le VailTeau donna les
premiers coups de talon qui précédèrent immédiatement fon
naufrage : donc , par un calcul très-fimpie de trigonométrie
reéliligne, en fiippofant la variation de 19 degrés, on trouvera
que le Vaifleau ayant parcouru quarante-un noeuds, il a du
diminuer en latitude de 13 minutes & demie ; il en réfulte donc
pour la latitude de l’île de Sable, 1 5 degres 5 4 minutes &
demie, & 1 6 degrés 4 minutes & demie ; le milieu donnerait
11 5 degrés 5 9 minutes & demie, ce qui ne différerait que
d’une demi-minute de la latitude aflignée a cette UTe par la
Diane ; mais encore félon la relation & le même journal
de Y U tile, iis ont obfervé fur T Ifle 15 degrés 53 minutes,
& il paroît qu’ils s’en tiennent en effet à cette dernière détermination.
Voilà donc encore une incertitude de 6 minutes
de demie : elle ferait, à la vérité, peu importante pour tout
autre objet plus confidérable, qu’on pourroit voir facilement
dê dix à douze lieues ; mais pour un fi petit point que l’île
de Sable , & placé au milieu des courans , cette même
différence mérite beaucoup d’attention. La prudence doit
donc engager ceux qui feront cette route , à donner une
iérieufe attention à la leur, & de faire en forte de paffer
pendant le jour par la latitude de cette Ifle ; car fa longitude
eft encore moins connue que là latitude; la Diane la place
par 5a degrés t a minutes, & le Journal de TUtile à 52
degrés 23 minutes; mais 011 n’a fait aucune Obfervation
aftronomique qui conftate l’une ou l’autre de ces deux déterminations
: d’ailleurs fille eft très-petite, comme je fai dit;
il luffit donc d’être eniérreur de quelques minutes lur là
propre longitude pour ne pas la rencontrer. O r , il.y a bien
de l’apparence que M.rs Daprès & de la Carrière avoient
en effet beaucoup d’erreurs dans leur longitude ; ils le
plaignent, & cela deux jours après, leur départ de l’île de
Bourbon, d’avoir été portés dans le Nord; M. de la Carrière,
de40 minutes en deux jours; 6c M. Daprès, de 12 minutes
en vingt-quatre heures.
M. Daprès atteignit la latitude que la Diane affigne à l’île
de. Sable fur 52 degrés 16 minutes de longitude, félon fon
eftime : il 11e vit point i’Ifle. M. de la Carrière parvint à la
latitude que \ Utile affigne a cette Iffe lur 3 2 degrés 3 3 minutés
de longitude, félon Ton eftime, le fécond jour de fon départ
de l’île de Bourbon. Se croyant à l’Eft de; l ’î le , il mit le
cap à l’Oueft-quart-nord-oueft, afin de faire valoir fa route
TOueft droit, pour s’entretenir par la.latitude oblérvée;
à quatre heures, ne voyant ni l’île ni oifeaux, il remit en
route. Le lendemain, M. de ia Carrière vit l’île Agalega, &
il trouva que cette Ifle étoit bien placée fur les Cartes de
M. Daprès.
M. Daprès eut l’avantage:, avant que d’arriver à la Ligne,
de corriger fa longitude, eftimée par des oblèrvations qu’il
rapporte de plufieurs diftarices de ia Lune à l ’Épi de la V ierge,
prifes avec beaucoup d’intelligence ; M, Daprès en conclud
le vrai point où il lé trouva chaque jour, car il répéta plu-
fieurs jours de fuite les oblèrvations; enfin, il arriva à la
Ligne fans avoir vu aucune des îles de l’Archipel, que les
Tonte I, P p p p