Edit. d'Àmjt,
cependant dans ie fond un premier Etre indépendant; &'
plufieurs Tamoults que j’ai connus, ont bien lu me dire,
lorfque je leur reprochois leur aveuglement, qu’ils recon-
noiiîoient & adoroient un feul Dieu comme moi.
Les trois principes des Indiens, Brama, Vixnou & Rutren,
ne font par conféquent que les attributs perfonnifiés du
premier Etre qu’ils admettent.
Brama, le premier des trois Dieux ftpérieurs, reprélente
ïe pouvoir que Dieu a de créer.
Vixnou, ie fécond, repréfente fe pouvoir que Dieu a de
Conferver.
Rutren, le troifième & dernier des trois Dieux lùpérieurs,
repréfente ie pouvoir que Dieu a de détruire.
C e fyitème eft amplement traité & favamment difcuté par
'Holwell.
C e que je viens de dire de la croyance des Gentils, fer la
divinité, & qui fait labafe & le fondement de leur religion,
m’a été communiqué par M andas, Interprète du Confeil
Supérieur de Pondichéry.
Cet extrait eft d’ailleurs conforme en tout à ce que l’on
trouve fur le même fujet dansle premier volume des Cérémonies
religieufes.
Maridas étoit Tamonlt, il avoit beaucoup de pénétration
d’efprit. Les RR. PP, Millionnaires des Millions Mala-
bardes (Tamuiaires) lui ayant trouvé des dilpofitions, fe
Létoient attaché, & lui avoient appris le latin & le françois
qu il l i t , parle & entend très - bien : iis avoient eipéré en
faire un Millionnaire ; je ne fais pourquoi la chofe n’a pas
eu lieu.
Il-avoit eu un compagnon- d’études nommé Maleapa, fur
d a n s l e s M e r s d e l ’ I n d e . 155
lequel les Mifiionnaires avoient eu les mêmes vues que fer
Maridas ; ils ne réuflirent pas mieux dans celui-ci, il f* t‘
mon Interprète & même mon maître, comme on le verra
dans le chapitre fuivant.
Il eft boa de remarquer ici, que quoique tous les peuples
de l’Inde, en général, admettent trois Dieux lùpérieurs , les
noms de ces trois Dieux ne font pas les mêmes par toute l’Inde.
Le premier fe nomme indiftinclement Bruma, Bramma, .
Bramah, Brama, Brahama, & c.
Le fécond fe nomme Viclnou à la côte de Coromandel ,
& s’écrit Vixnou ou Vichnou : dans le Bengale on écrit Biflnoo.
Enfin, le troifième fe nomme Rutren ou Rondra à la côte
de Coromandel, & Sieb dans le Bengale.
La femme qui donna la naifîance à ces trois frères lé
nomme, comme je l’ai dit d’après Mandas & Maleapa,
Paraxaâi, d’autres écrivent Parvaty.
Des auteurs qui ont parlé de la conformité des coutumes
des Indiens avec celle des Juifs, ont vu par-tout cette
conformité ; ils ont en conféquence défiguré les noms de
Bruma & de Paraxaâi ou Parvaty ; & ils ont écrit Brahama &
Sarafvatty, d’où ils ont conclu que c’était Abraham & là femme
Saara, l’on peut voir une lettre écrite de l ’Inde à M. Huet,
ancien Evêque d’Avranches. Mais cet argument ne me paroît
pas bien concluant, non plus que plufieurs autres renfermés
dans le même ouvrage en faveur de cette même conformité.
Selon la note que l’on vient de vo ir , Brama eft: né avec
cinq têtes , mais ii y a toute apparence que depuis fa naiftance
i l en a perdu une ; car j’ai une eftampe de Brama, enlu-
-minée & très-bien deflmée, mais dans ie goût indien; dans
■cette eftampe, Brama eft repréfenté avec quatre têtes , deux
m
Cérémonies
religieufes ,
tome VU