des Voyageurs; elles font de la plus grande commodité;
prefque généralement bâties , for-tout les grandes, for le bord
d’un étang, entourées de taupes ( a ) plus ou moins grandes
où l’on peut le mettre à l’ombre; les étangs qui tiennent aux
Chauderies font pareillement environnés d’arbres , pour
procurer de l’ombre & du. frais aux paifans.
L e corps de la Chauderie eft diftribué en petits appartemens
voûtés, dont les murs font fort épais, avec des galeries; ce
qui joint aux arbres qui l’environnent, garantit beaucoup
de la chaleur.
Les voûtes, les ceintres des ouvertures deftinées aux porte
& aux fenêtres, font d’architeélure gothique; avec des ¡petits
ornemens dans le même goût.
Ces Chauderies font des oeuvres de piété de gens riches ;
elles portent ordinairement le nom de la perfonne qui a fait
les frais de la faire bâtir : cette même perfonne y entretient
à fes frais un Indien ou Brame dont l’unique occupation eft
de donner à boire aux paifans ; cet Indien va chercher l’eau
à l’étang voifin, la garde dans des pots qu’il a dans fon
petit appartement, & en donne à boire à tous ceux qui fe
préfentent pour lui en demander.
Ces lieux de repos font très-multipliés dans l’Inde ; il eft
rare qu’on falfe une demi-lieue fans rencontrer une Chauderie :
ce qui eft de la plus grande commodité pour les Voyageurs
fa) On appelle taupe> dans l’Inde,
un Jardin ou un terrein plus ou moins
grand planté d’arbres, aflez près les
uns des autres, pour que les branches
4es têtes s’entrelaffent les unes dans les
autres, de façon qu’elles ioient impénétrables
aux rayons du Soleil. J’aurai
occafion de parler plus d’une fois de
ces taupes.
qui trouvent un afiie contre l’ardeur du foleii, & où ils
peuvent prendre le repos qu’ils défirent.
Si par la longueur du temps une Chauderie vient à tomber
en ruine, jamais elle n’eft relevée; les fondemens, quand
même ils feroient bons, reftent-là, & font abandonnés; mais
jl s’élève bientôt aux environs une nouvelle Chauderie.
De cette façon les enfans n’entretiennent point la fondation
de leurs pères ; ils l’abandonnent; & foit vanité & oftentation,
foit que ce foit un autre motif qui les anime, les enfans font
bâtir, tout près de là, une nouvelle Chauderie. Attenant aux
Chauderies, on trouve un Bafard ( marché ) où l’on vend
fur-tout du r iz , des fruits, du fucre, &c.
On va prefque toutes les années de Pondichéry, en fociété
& en partie de plaifir, palfer plufieurs jours dans quelques-
unes de ces Chauderies. L ’on peut donc ne point avoir à foi
de maifon de campagne à la côte de Coromandel ; les
Chauderies vous en fervent fi vous voulez. L ’on a par ce
moyen autant de màifons de campagne, à plufieurs lieues à
la ronde, qu’il fe trouve de Chauderies dans le canton que
l’on habite; l’on peut choifir le quartier le plus agréable,
celui qui plaît le m ieux, où la campagne offre plus de déiaf
femens & de charmes; & au lieu de deux à trois jours,
y refter un ou plufieurs mois.
Il n’eft donc queftion que de s’emparer d’une Chauderie,
prendre les logemens les plus convenables, y tranlporter fon
ménage & y refter tout le temps que l’on veut ; il n’y a jii
portes ni fenêtres à ces bâtimens, vous n’en avez pas befbin;
on n’y trouve point de lits, votre palanquin vous en fert ;
je 1 ai déjà dit, & je prie qu’on me pardonne la répétition.
LInde eft peut-être l’unique pays fur là terre où il foit