les plus élevés§ ont une direction oppofée au vent de
mouçon actuellement régnant.
Je dirai ici en paflant ( car je m’étendrai davantage fur ies
mouçons à la fin de ce volume ) , que j’ai fouvent obfervé à
l’Iile-de-France, à Manille, à Pondichéry & en Mer, deux
couches dans l’atmofphère, fur-tout aux approches du changement
de mouçons ; l’inférieure étoit celle du vent régnant,
& alloit avec une très-grande vîteffe ; la fupérieure venoif
du côté oppoie, & marchoit avec une très-grande lenteur,
en forte que l’état des vents commençoit toujours à changer
& à s’annoncer dans la haute région de l’atmolphère ; cette
remarque a lèrvi à me confirmer dans la raiion que M. Haliey
apporte de la caufe des vents généraux & alifés, & des
mouçons, dans fon excellente Diflèrtation fur cette matière.
J’ai été témoin, pendant les mois de Février 1769 &
'1 7 7 0 , d’un phénomène allez remarquable; après des pluies
légères & de peu de durée, pareilles à ces pluies bienfai-
fantes qu’on éprouve quelquefois dans notre climat pendant
le mois de M a i, il paroiflcit une quantité prodigieufe de
petits crapauds qui venoient d’éclore, & ce que je frouvois
de remarquable en cela, c’eit que les elcaliers de mon
Obfervatoire & mes terraflès en étoit remplis ; le Soleil les
failoit bientôt périr dans des lieux auffi fecs ; au bout de
deux à trois jours il n’en paroiiîoit plus ; j’en ai auffi trouvé
quelques-uns dans la falle de mon Obfervatoire.
Comme il avoit été impoffible à ces petits animaux de
fauter des marches de plus de fix pouces, qu’il leur eût fallu
franchir pour parvenir aux terraflès élevées de 1 5 8c 20 pieds
an-deflus du foi, & que l’on lait que le crapaud n’eft pas
fort agile; ce phénomène me rappela ces pluies de crapauds
dont parlent certains Voyageurs : mais fans avoir recours à
cefphiies finguüères qui ne font point conftatées , qui font an
contraire rejetées par les Phyficiens, j’explique ce fait d’une
manière très-aifee, & en même temps très-vraifomblable :
je fuppofe donc que ces petits crapauds font nés fur les lieux,
que les oeufs dont ils font fortis ont été enlevés avec ces
nuées de fable & de pouffière dont j’ai déjà parlé, & dont
il me refte à donner le détail, & que ces oeufs ont été tranf
portés par ces mêmes vents dans mes efcaliers & fur mes
terraflès, où ils feront reliés juiqu’à ce qu’une pluie & une
chaleur convenable les ait fait éclore; & c’eft ce qui fera
arrivé le jour que je les aurai vus paraître.
Je pafiè aux Obfervations qui tn’ont fervi à former la
théorie précédente.
A n n é e 1 7 6 8 .
Saifon des Vents du Sud - ejf.
M A R S.
J E trouvai la iàifon dès vents du Sud formée S la côte Torique
j’arrivai à Pondichéry le 27 Mars 1768'.
Le refte du mois fut de la plus grande beauté ; le Ciel étoit fi
pur que ie fond en paroilîoit noir; là brife, pendant le jour, fouffloit
du large; c’eft-à-dire du Sud-eft à l’Eft ; elle commençoit entre
9 & n heures : elle durait fort avant dans la nuit. La brife de terre
prenoit vers le milieu dè la nuit ; c’eft un fouffle léger, fort agréable
qui fouffloit de I’Oueft & quelquefois de l’Oueft-nord-oueft ; on
le fent encore avant le lever du Soleil ; à mefure que cet aftre s’élève
fur l’horizon, la brife 'gagne l’Oueft , le Sud, le Sud-eft , l’Eft-
fud-eft & quelquefois l’Eft. C’eft à-peu-près du Sud-eft à l’Eit
que le vent commence à fraîchir ; vers le coucher du Soleil, le vent,
en molliffant, repafle peu-à-peu au Sud.