particuliers, qui les avoient armés & chargés pour leur
compte. Iis revenoient encombrés, & offiroient très-peu de
place pour des paiTagers.
Les Armateurs avoient écrit, difoit-o-n, à f’Ifle-de-France-
au Gouverneur & au CommiiTaire - ordonnateur, pour les
prier de ne point mettre depaiTagers fur leurs VaiiTeaux: je
n’affurerai pas le fait pour le Gouverneur; mais étant un jour
allé voir le CommilTaire-ordonnateur avec M. le Comte de*
Roftaing, avant l’arrivée des VaiiTeaux de Chine, il nous-
dit que les intéreffés lui écrivoient & le prioient de ne point
mettre de paflâgers fur leurs VaiiTeaux. M. le Comte de
Roftaing dit : Vraiment on leur demandera leur avis; mais M. le
Commiflàire-ordonnateur ne répondit rien. Il me parut évident
par te détail de toute cette aventure que j’ai rapportée
fort au long dans mon Journal (car je n’écris point ici de
mémoire),, il me parut, dis-je, que M. le Gouverneur &
M. le CommiiTaire-ordonnateur, laifsèrent les Capitaines.de
ces deux VaiiTeaux, abfolument libres fur Tarticle & le choix
des paflagers., & qu’ils fe retranchèrent feulement à s’inté-
reiTer pour les perfonnes qu’ils affeétionnoient particulièrement:
c’eft ce qui fit que le Capitaine du Duras, auquel je-
m’adreflai chez M. de Bouloc „ le foir que je m’y trouvai à:
fouper avec le Gouverneur, & après la fcène que j’eus avec
lui, me refûlà formellement, en m’alléguant mille & mille
raifons fpécieufes, que je fupprime ki.pour abréger, ainfi que
tout le détail de-la converfation..
Revenons au 2 4 Juin. Lorique Don Jofeph de Cor doua
eut décidé de renvoyer les Anglois, ils fe rembarquèrent dans
notre canot. Le même Officier qui.les avoit accompagnés en:
venant de, leur bord, les accompagna à leur retour jufqu a.
leur bord; pendant toute la cérémonie dont je viens de parler,
•’écrivis à bord du Duras à M. de Montigny, Supercargue
de la Compagnie des Indes. Nous avions ete lies d amitié dans
l’Inde ; je le priois en conféquence de fe charger de mes expéditions
pour France. Je les avois faites pendant le voyage,
gç je comptois les mettre à la pofte à mon arrivée à Cadiz.
Je chargeai de mon paquet l'Officier efpagnol, qui reconduifit
les Anglois à leur bord : cet Officier avoit ordre d’aller enfuite
à bord du Duras pour les informer de ce qui venoit de fe
paflër, & des nouvelles que nous avions apprifes par la voix
de TAngloîs.
Dans ces entrefaites, le VailTeau le Duras s’approcha de
nous à la portée du, porte-voix : on fit faire fiience; & on
entendit une voix qui dit, que fi je voulois paffer à bord du
VailTeau, on me recevroit avec grand plaifir. M. de Cordoua
répondit fur le champ, qu’il favoit très-bien que je ferois
beaucoup mieux à bord du Duras que je n étois à bord de
YAftrée; mais qu’il étoit charmé d’avoir ma compagnie, &
qu’il ne confentiroit à fe défaire de moi , quen cas que je
jugeaffe que je ferois mieux avec M. Dordelin. J’arrivai dans
ce moment; & ayant fu ce dont il étoit queftion, je priai la
perfonne qui tenoitie porte-voix à notre bord, de répondre à
ces Meffieurs , de ma part, que j’étois très-fenfibie à leur poli-
teffe, & en même temps très-obligé; que je me trouvois
très-bien abord de l’Aftréet; & que. j’étois trop reconnoiifant
de la laveur de M. de Cordoua, pour lé quitter à la porte
de l’Europe. La chofe en refta là. M. de Cordoua me dit
que je ne pouvois pas lui faire plus grand plaifir que de
relier avec lui; que c’étoit à moi a voir fi je trouvois plus
d!aifance , de commodité &. d’agrément à bord dû Darda,,