C H A P I T R E S E C O N D . .
Contenant les O B S E R V A T I O N S P H Y S I Q U E S
fa ites à Pondichéry.
A r t i c l e p r e m i e r .
Journal r¿¿formé fu r la température du climat de Pondichéty,
¿T fu r les variétés des fa i forts pue j'a i éprouvées pendant
le féjour de près de deux ans que j ’ai fa it en cette
Ville.
L e 26 Mars de l'année' 1 7 6 8 , j’aperçus les premiers traits
du tableau charmant que devoit me préfenter dans la iitite li
Ciel de la côte de l'Inde en-deçà ie Garage. Nous avions
mouiiié à Négapatnam ie 25 au foir ; je vis ie lendemain
ie plus beau lever du Soleil, accompagné d’un joli petit
frais qui fouffloit du Sud, & d’une agréable température de
2 2 degrés, ia journée fut très-beile ; enfin la beauté du
Ciel inipiroit dans i’ame une elpèce de gaieté qui fembloit
inviter à defcendre à terre : cette agréable fenfation me fit
d’autant plus de plaifir que je n’avois pas joui très-fouvent
d’un pareil Ciel à Manille, où je vendis de paifer dix-huit
mois; j’avois au contraire fouvent remarqué un air mélancolique
au climat de cette ville, fi cette expreifion, dont
les Eipagnols iè fervent eux-mêmes, peut être permife, choie
que je n’ai éprouvée que deux fois à Pondichéry ; auifi j en
ai fait note dans mon Journal, comme étant un phénomène
Pare &. extraordinaire.
Mais ce beau climat eft quelquefois fi chaud qu’il en eft
prefqiie infupportable ; les François peu faits à de femblables
chaleurs fou firent beaucoup dans les commencemens.
On ne diftingue guère à ja côte de i’Inde que deux
faifons, celle de la mouçon du Sud-oueft & celle de la mouçon
du Nord-eft, qui forment un hiver & un été; le printemps
& l’automne n’y font pour ainfi dire pas fenfibles ; l'automne
fe remarque cependant un peu plus, en ce que c’eft la faifcn
pluvieufe qui précède immédiatement l’hiver, & qui dure
fix femaines, plus ou moins ; quant au printemps , il ne peut
être bien fenfible, puifque les arbres font verts pendant toute
l’année ; mais cette laifon eft remarquable par les vents du
Sud qui font particuliers à cette côte. La iàifon des vents
de terre commence dans les premiers jours de M a i, celle
des vents de Nord à la fin d’Oétobre, les vents du Sud fe
déclarent au commencement de Février.
La grande Cordelière des Gates qui partagent la prefque
Iile en deux , en allant du Nord au Sud, arrête le eours
des vents de mouçon, & forme deux faifons oppofees à
la côte du Carnate & à celle de Malabar , quoique ces
cotes ne foient pas éloignées entr’elies de plus de cent lieues,
& qu’elles foient exactement fous le même parallèle : ainfi,
lorfqu’on a l’été à-Pondichéry, on'a l’hiver à'Mahé, encore
bien que Mahé ait la même latitude que Pondichéry ; ce'
qui a lieu dans toute l’étendue des deux côtes qui forment
la prefqu’Iile en-deçà le Gange.
Les Gates interrompant donc le cours des vents à la
cote de Malabar pendant la mouçon du Sud-oueft & d’O ueft,
ces vents y chaffent & y amoncellent une prodigieufe quantité
de nuages , les montagnes les arrêtent & ' les empêchent
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