magnifique palais, bâti par feu M. Dupieix; cetoient deux
gros pavillons, en partie renverfés ou détruits, qui avoîént été
élevés fur de forts murs de douze à quinze pieds de hauteur
& fur une voûte de fix à fept pieds d epaiffeur. Toute cette
excellente maçonnerie, faite de brique, à chaux & à fable,
avok uéfifté à l'effet de la poudre à canon, étoit très-entière
& très-foîide, mais les pavillons étoient en partie tombés,
J allai vHîter les vertiges de ces pavillons: je jetai mes vues'
fur le plus orientai; celui qui me parut le plus entier, le
plus convenable à mon deffein, 8t qui demandoit en même
temps le moins de dépenfes pour en faire un Obfervatoire
commode ; d ailleurs fous la voûte qui foutenoit les reftes de
1 autre pavillon, étoit un des magafins à poudre : il ert cependant
v ra i, que le dertous de mon Obfervatoire fervit auiîi
dans la iuite , pendant plus de fix femaines, de magafinà
plus de foixante milliers de poudre : M. Law m’ayant, malgré
cela, 1 aille la liberté d habiter mon Obfervatoire , cette cir-
conftance n’interrompit point le. cours de mes obfervations.
Je rendis compte de mon examen à M. Law, il fie donna
lui-meme la peine d’aller fur les lieu x, quelques jours après,
accompagné de 1 Ingénieur en chef, & ayant, après cela,
donne les, ordres necefîàires,. on commença le r 8 Avril à
bâtir l’Qbfervaîoire fur le plan que j’avois demandé.
Les grandes pluies firent fuipendre l’ouvrage pendant
quelques jours: il fût enfin achevé le 24 Mai.
Le 11 Juin, les portes 8c les fenêtres étant finies &
placées, j allai prendre poifeffion de l’Obfervatoire ; j’y fis
tranfporter mes inflrümens 8c mes effets ; ce fut ma demeure
& ma retiaite pendant mon fejour à Pondichéry; j’y étois
plus à portée de mon travail.
Je dois ici rendre jufliceà M. Boré, ingénieur en fecond ,•
8c au zèle avec lequel il fe porta à feconder les vues du G oih
verneur; je dois aux foins de cet Ingénieur, la promptitude
avec laquelle mon Obfervatoire fut confirait; car
malgré les bonnes intentions du Gouverneur, la mauvaife
volonté de celui qui faifoit les fonctions d’ingénieur en
chef, eût beaucoup fait languir l’ouvrage, fi M. Boré, par la
feule vue de m’obliger, & d’être utile à l’Académie Royale
des Sciences, n’avoit demandé ia direétion des travaux de
mon Obfervatoire.
Je travaillai, fitôt que je me vis en poifeffion d’un lieu
propre à obferver, à nettoyer mon quart-de-cercle 8c mes
pendules; 8c le 14 Juillet, je fus en état de prendre des
hauteurs correipondantes du Sbleil.
Mon premier foin fut de fixer-, d’une manière plus, précife
qu’elles ne favoient encore été, la Longitude 8c la Latitude
de Pondichéry; je traçai, pour cet effet, piufieurs méridiennes
, tant en dedans qu’en dehors de mon Obfervatoire
fur les terraffes, pour y placer mon quart-de-cercle félon les
cas où j’en aurois befoin.
Je paffai les mois de Juillet, d’Août8cde Septembre 176 8 ,
fans pouvoir obferver une feule des émerfions du premier
Satellite de Jupiter, qui étoient alors vifibles ; à peine me fut-il
poffible de prendre quelquefois des hauteurs correfpondantes.
Les matinées étoient ordinairement affez belles : mais dans cette
faifon, tout le rerte de la journée ert preique toujours un
temps couvert, 8c on afouvent des orages le foir: le même
temps dure pendant une bonne partie de ia nuit.
En Oélobre 8c Novembre, fut la faifon pluvieufe; de
Y y ij