de ia nuit pendant plufieurs heures, dans une pofition verticale,
fans que l’objeélif ait recueilli la plus légère humidité»
Le mois de Mars n’eft plus fi beau ; en Avril le temps
commence à fe ternir; Mai, Juin, Juillet, Août & Septembre
iont peu propres aux obiervations aftronomiques ; dans ces
mois, on n’a guère que les matinées de belles. En Octobre,
Novembre & Décembre, eil la faifon pluvieufe & l’hiver.
J’étois préparé pour le paiîâge de Vénus du 3 Juin 176 9.
Les Anglois à Madras m’avoient envoyé un excellent
télefcope achromatique de trois pieds de longueur ; &
j’attendois le moment de i’obfervation avec la plus grande
impatience.
Pendant tout le mois de Mai julqu’au 3 Juin, les matinées
furent très - belles ; le temps fut encore de la même
beauté la veille. A 9 heures du foir, j’obfervai avec M. Law,
qui le fervoit de la lunette achromatique, une émerfion du
premier latellite de Jupiter, que nous avons très-bien vue.
On s’emprefloit déjà à me faire des compiimens, lorfque le
lendemain, de très-grand matin, il s’éleva une eipèce de
coup de vent, qui ne dura précifement que le temps qu’au-
roit duré i’obfervation; car Vénus devoit ibrtir de delîus le
Soleil à 7 heures du matin.
Or le Soleil commença à percer le nuage à y h 30'; le
relie du jour & les luivans furent très-beaux; de forte que
ce tourbillon fembloit avoir été fait exprès. Ce fut la même
chofe à Madras, où M. C a li, Ingénieur en chef de cette
Place, avoit été chargé par M. Maskeline de faire l’obfer-
vation : ce tourbillon s’étoit fait fentir le long de toute la
côte de Coromandel, à plus de trente lieues en avançant
dans les Terres de la prefqu’îfe.
d a n s l e s M e r s d e l ’ I n d e . 35
C ’ell-ià le fort qui attend fouvent les Ailronomes. J’avois
fait près de dix mille lieues ; il fembloit que je 11’avois parcouru
un fi grand efpace de mers, en m’exilant de ma patrie,
que pour être fpeéiateur d’un nuage fatal, qui vint fe pré-
fenter devant le Soleil au moment précis de mon obfervation,
pour m’enlever le fruit de mes peines & de mes fatigues.
Pendant que le ciel me traitoit ainfi à Pondichéry, il
offroit l’afpeél le plus ferein à Manille, comme je Mai appris
depuis par les lettres que j’ai reçues, & par Don Eltevan
Melo lui-même, qui m’a enyoyé l’obfervaiion qu’il avoit
faite de concert avec le Père Tbéatin. On la trouvera dans
la deuxième partie de ce volume, a i article des Obfervatioiis
Météorologiques du mois de Juin 1 7 d ç • M. Dagelet self
donné fa peine de la calculer; on verra qu’elle eil fort exaéle,
& qu’elle mériteroit peut-être autant que beaucoup d’autres,
¿ ’être employée pour la parallaxe du Soleil. En Juillet, qui
eft un des mois les plus chauds de l’été, je répétai mes obfer-
vations fur ies réfraétions aflrofflonniques, afin de les comparer
à celles que j’avois faites pendant l’hiver.
Nous avons déjà une Table des refraélioïis aflronomlques
pour la Zone torride, par M. Bouguer; mats la température
par laquelle il a obfervé, eil bien différente de celle de la
côte de Coromandel. A Pondichéry, qui n e il pas 1 endroit ie
plus chaud de cette côte, du moins fur ies rapports quon
m’en a faits, le thermomètre de M. de Reaumur, expoié en
plein air, à l’onibre, à trente pieds environ au-deiîlis du loi,
monte tous les jours à 3 6, & quelquefois à 37 degrés pendant
une grande partie des mois de Mai, Juin, Juillet & Août.
Cette chaleur eft le plus fouvent accompagnée d’un vent
d’Ouefl, violent & enflammé, qui élève des nuages & des
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