Latitude o h fe rv é e.......................................... '.........................* ............... * 51 '
Longitude depuis P o l-L a d a ................................................................... * • 1 4
Le 1 5.
Latitude o b fe rv é e ...............................................................................7 31
Longitude à l’oueft de ............................................... 4 * 2 8
L e 1 6 au matin, nous nous trouvâmes au milieu du. canal, que
les Cartes Portugaifes appellent canal del Sombrero ; nous paffames
à peu-près à égale diftance des deux îles; nous obfervames à midi
7 degrés 4 5 minutes; nous étions alors de o degrés 23 minutes
à l ’oueit de Nicobar : nous primes ic i un nouveau point de départ.
J ’obferverai en paffant, que ie milieu du canal dei Sombrero eft,
félon les Cartes de M . D a p rè s , ¡par 7 degrés 40 minutes; que
ce canal eft par cottféquent bien marqué fu r ces Cartes.
D e s . îles Nicobar» la mouflon nous mena jufqu’à la oôte de
l'Inde ; mais nous eûmes une interruption le 19 & le 2 0 , des orage!
& une efpèce de b ourrafque, tempête de peu de d u ré e , que les
P o r t u g a i s appellent Sumatra: telle à peu-près fut celle qui paffa
au large de nous, lorfque nous étions à P o i -Pinang. C e s tempetes
font à craindre pour les Vaiflèaux qui ne les connoifîènt pas ; notre
Pilote qui les con no ît, ne s’en inqurétoit guère. Toute la nuit da
18 au 19 , il ne f it qu’éclairer; le c ie l, au lever du S o le il, fe trouva
garni de gros nuages o ra g eu x , que le Soleil ne put diflîper ; en meme
temps le vent tomba toüt-à-fàit : a n eu f heures , nous efluyames un
orage vicient ; les v en ts , en moins de’ fept minutes , pafsèrent du
N o rd -e fl à l ’E ft - fu d - e f t , foufflant bon frais ; il plut à pfoportiòn.
J e fis fur-tout attention au tonnerre : ce n ’étoient point de ces
coups fonores, tels que ceux qui ont fait pendant un temps à Manille
mon unique amufement, ou tels qu’on les entend dans le voifirtage
des terres, des montagnes & des rochers. Les coups de tonnerre que
l ’on entend ordinairement en pleine mer font lo u rd s , & ne foné que
peu ou point du tout fui vis de ces rouiemens agréables, effet des
vallées & des montagnes.
Pendant l ’orage dont je parle, il nous vint un de ces coups de
tonnerre. Je doutai un moment que ce fut véritablement du tonnerre,
parce què je n’avois point aperçu i ’éciair. J ’entendis un grand
coup fec & fourd, comme s’il fût tombé un poids confidérabie fur
le Vaiffeau ; on fut quelques fécondés fans rien entendre ; après quoi,
un petit roulement fourd le fit entendre & dura au plus trojs
fécondés.
L a mouflon rappela bientôt les vents au N ord -e fl ; mais à peine
avoient-ils la force de nous faire préfenter en route; de p lu s , la
mer s’étoit confidérablement gonflée. Je vis bien que le temps
n’étoit pas"encore g u é r i, & qu’il avoit befoin d’une légère purgation
: le 20, les vents ne firent que fe jouer, de n ous, pendant
que deux groflès lames, l ’une du N o rd -e f l & l ’autre du S u d - e f t ,
fe renvoyoient le 'V aifleau : après le coucher du Ibleil, il éclaira; à
7 heures il parut depuis le N o rd -e ft jufqu’au N o rd , un rideau
qui n ’annonçoit rien de bon. D e l ’E ft au S u d , ce fut bientôt la
meme choie : i f fraîchit auflî par degrés ; notre premier Pilote
s’aperçut du coup; il me dit que c ’étoit un Sumatra. II fit promptement
ferrer fes menues voiles;: bientôt après, fa grande voile &
fon grand hunier ; il ne çonferva que fa mifaine & fon petit
hunier, q u ’il fut encore contraint d ’amener fur le ton. Dans cet
état, il attendit le Sumatra : il avoit l ’oeil à to u t, j ’étois à côté de
| lui : dans un inftant la bourafque fe précipita comme la foudre.
I En moins de fept minutes le vent fit un faut de l ’Eft au Sud-oueft
I gmnd frais, accompagné de raffkles. L a mer n ’étoit q u ’un phofi
phore ; ie vent fe conferva dans la même force pendant plus d’une
heure fans p lu ie , que quelques gouttes. A ia fin cependant elle vint
férieufement, ce qui fit un peu tomber ie vent ; à i o heures on
put faire fervir le grand hunier ; à i i heures on ne gouvernoit
prefque plus ; le lendemain il parut encore des o rages, ie tonnerre
I gronda au lo in , fe diflipa, & le temps fe remit.
Je vois déjà , mon cher am i, ce que vous allez me dire ; q u ’il
faut pour cette fois-ci que je vous accorde que cette révolution fut
1 ouvrage de 1a L u n e , qui fut nouvelle le 1 8 à 1 1 heures du foir.