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que la première idole n’a eu aucune forme humaine. Pour
fe repréfenter l’idée du feu, fes premiers adorateurs auront
imaginé une idole pyramidale, à laquelle ils auront rendu
les mêmes honneurs qu’à une idole de forme humaine; &
ils auront adoré le fèu ibus la forme d’une pyramide ou
d’un obélifque; ainfi les pyramides ont été'originairement,
ou dans leur principe une idole adorée ; fous quelle forme
en effet les premiers adorateurs du feu pouvoient-iîs le le
repréfenter que fous celle d’une pyramide ou d’un obélifque?
Rien de plus naturel, après cela, que de mettre des
pyramides aux temples deftinés à garder le feu facré.
Ces pyramides auront alors été autant de marques ou de
fignaux qui indiquoient au peuple le lieu du fanétuaire où
fe confervoit le feu facré.
Les Égyptiens qui ont vraifemblablement emprunté , pris
& adopté les idées religieufés. des anciens Indiens „ n’auront
fait que les imiter dans la forme de leurs pyramides, qui
ont fait’ pendant fi long-temps l’admiration de tant- de
■Nations., & qui font encore aujourd’hui la nôtre. Ces
morceaux, dignes en effet de l’attention de tous les fiècles,
ne me paroiiîènt point avoir été imaginés pour fervir de
tombeaux.
La fcrupuleufo pofîtion de ces pyramides, auffi-bien que
de celles des pagodes; c’eft-à-dire, leurs quatre faces qui
regardent fi exaélement l’Qriertt, l’Occident1, le Midi & le
N o rd , me font penfer que ces monumens ont en effet une
première origine beaucoup plus fublime & plus relevée que
celle de les deftiner uniquement à renfermer quelques
cadavres. ,
II y a pluiieurs,'pagodes à Pondichéry , comme je l ’ai déjà.
dit, mais les Européens ne peuvent y entrer. Les tours de
I ces pagodes en font baffes en comparaifon de celles de
LVilnour ; les Millionnaires fe font toujours oppofés à ce que
[ ces maffes paruffent trop au-deffus de la Ville. On en batiffoit
! cependant une en 1768 , qui devoit avoir en hauteur les
?'deux tiers de celle de Vilnour, c’eft-à-dire, cinquante-huit
à foixante pieds. Chaque pagode eil dediee a quelque
! divinité particulière ; la hauteur des tours foit la dignité de
[la divinité, & eft élevée, comme je l’ai dit, à proportion
j du degré prétendu d’excellence de la divinité a laquelle cette
pagode eft dédiée.
Les pagodes de la côte de Malabar font de maibre; a la
icôte de Coromandel, elles font en partie de granit, en
partie de brique.
Tous ces édifices ne coûtent prefque rien ; iis n’ont coûté
[que de la peine & beaucoup de temps : mais les Indiens
font, comme je l’ai dit, des miracles de patience dans le
travail.
Dans le fixième volume des Cérémonies relïgieufes, on
[ prétend faire voir que les Indiens tiennent leurs fciences des
Égyptiens.
En regardant l’origine des Bracmanes comme une colonie
d’Égyptiens, on y avance que cette origine eft fuÿifamment
prouvée par Je rapport de leurs fuperftitions avec celle de cet
(ancien peuple. On ne peut douter, félon ce Livre, (pue les
\ Gymnofotes des Indes ne foient une colonie d Égyptiens, dont
la poftérité fubftfte encore aujourd’hui ( dans les Brames de
nos jours ),. & 011 croit achever de prouver ce qu on y avance;
en difant qxxil. y avoit autrefois un commerce régie entre ces:
deux. Nations, . les Égyptiens &_ les Indiens ; & que Pline ¿G