qu’en reliant à côté de lui. 11 aflâifonna ce difcours d’un air
de franchifè, de bonté & de vérité* qui me fit le plus grand
piaifir.
Notre canot arriva à bord du Duras après cette conver-
lation; il étoit i i h i y'. M. Dordelin chargea l’Officier d’une
lettre pour me remettre, en lui difant que je faifois mai de
ne pas palier à fon bord. Le même Officier me remit auffj
une lettre de M. de Montigny, dans laquelle il me difoit
qu’il étoit fâché de mon refus; qu’il defiroit, ainfî que tous
ces Meffieurs du Vaiflèau, que la réflexion m’amenât à fon
bord ; que j’avois un moyen honnête de revenir contre ce
qu’on avoit interprété à bord du Duras, comme un refus,
en difant que je ne pouvois accepter précipitamment & fans
l’agrément de M. le Commandant Efpagnol. M. de Montigny
eut l’honnêteté d’ajouter qu’il favoit bien que M. Dordelin
n’avoit qu’un hamac à m’offrir; mais que cela ne devoit pas
m’inquiéter ; que là chambre étoit allez grande pour m’y
arranger, & que ce ferait certainement de tout fon coeur
qu’il la partagerait avec moi; que les foutes du Vaiflèau vides
& plufieurs autres endroits débarralfés, me donneraient la
facilité d’embarquer mes effets. Pour achever de me per-
fuader, M. de Montigny ajouta que le défagrément de la
route d’Efpagne en France , devoit me déterminer à mettre
dans cette circonftance, à l’écart, bien des confidérations. Il
fmilïoit (à lettre en me priant d’être perfuadé que je ferais
reçu avec piaifir, & qu’il y ajoutoit lès inflances.
Voici la lettre de M* Dordelin.
M o n s i e u r ,
« Quoique je ne puilfe pas vous propofer un logement
fbrt honnête, non plus qu’à l’Ifle - de - France ; cependant, •
comme la traverfée ne fera pas confidérable d’ici en France, «
s’il vous faifoit piaifir de palier à bord du Duras, vous y
feriez bien reçu avec vos bagages. Le voyage de Cadiz en «
France efl bien fatigant par terre; je l’ai fait avec beaucoup «
i de fatigues.-Voyez, Monfieur, fi cela vous fait piaifir; M. de “
f Gordoua vous prêtera volontiers fon canot, qui efl meilleur “
que le nôtre, pour tranfporter vos bagages. “
J’ai l’honneur d’être, &c. Signé D o r d e l i n . »
J’aurois defiré répondre à M. Dordelin. Les circdnftances
ne me le permirent pas; d’ailleurs on fàvoit à bord du Duras
ma façon de penfer. 11 étoit environ midi iorfque notre
canot revint ; nous nous feparames dans ce moment, en
nous fouhaitant réciproquement un heureux voyage.
De retour en France, après être débarraffé de mes affaires
les plus preffées, j’écrivis à M. Dordelin la lettre fuivante;
M o n s i e u r ,
« J ’ai reçu à bord de ÏAftrée, le 2 4 Juin de la préfente
année 1 7 7 1> L lettre obligeante que vous me fites 1 honneur «
de m’écrire le même jour à bord du Duras, que vous com- «
mandiez. Il ne me fut pas poffible, & vous le favez bien, «
Monfieur, de vous faire parvenir ma réponfè dans le temps ; «
ainfi je me flatte que pour cette partie, ma conduite vis-a-vis «
de vous eft hors de reproches; par rapport- à ce que Vous «
eûtes la bonté de me propofer, de paffer de l’Aflrée à bord y,
du Duras, j’efpère que vous me pardonnerez le refus que «
j’en fis, fi vous voulez bien- pefer le motif qui détermina «
ce refus.
Vous me faites l’honneiw de me dire au commencement «