Malabars, qui font de l’autre côté de la prefqu’île à i’Oueft,
eft tout-à-fait différente.
Les Tamoults fe font répandus le long de la côte du Carnate
& dans l’intérieur des terres, iis fe font même rendus les
maîtres du pays, & en ont en quelque forte affujetti les
peuples, en les engageant, par la force de la perfuafion, à quitter
les bois où ils vivoient, difent les Tamoults ', à la manière
des brutes. De cette façon, les Tamoults font venus à bout
de les tirer de leurs forêts & de les civiiifer un peu ; mais ils
font malgré cela reliés dans un état de mépris fi grand aux
yeux de leurs bienfaiteurs, qu’ils s’eflimeroient peut-être plus
heureux au fond de leurs forêts ; ces Gens font aujourd’hui
partie de la Nation, & compofênt la plus baffe & la plus
vile cafte, connue fous le nom de Parias, que l’on n’emploie
que dans les plus vils travaux : elle ne peut fe flatter de fortir
jamais de fon état d’aviliffement ; les caftes font immifcibles.
Les Tamoults fe difent très-anciens à la côte du Carnate_i
ils adoroient anciennement Un Dieu qu’ils nommoient
Baouth, & ils m’ont aflùré qu’il y a encore quelques Indiens
qui, en fe cachant, reconnoiffent cette divinité, & qui lui
rendent leurs hommages.
Le dieu Baouth a une fi grande reffemblance avec le dieu
Sommonacodom des Siamois, & le dieu Foé des Chinois,
qu’on ne peut guère douter que ce ne foit la même divinité ;
c’eft ce que nous aurons occafion de vérifier dans la fuite,
comme aufli d’examiner fi les Indiens ont porté leur culte
en C h ine , ou fi ce ne feroient point plutôt les Chinois
q u i, étant venus commercer anciennement à la côte de
Coromandel, en auroient emmené avec eux en Chine le
dieu Baouth, comme l’afliirent les Tamoults»
Les Tamoults affurent aufli qu’ils tiennent des Brames
i i’Aftronomie & leur religion aéluelle, & que les Brames
I font venus de la partie du Nord dans le Tanjaour & le
I Madurc ; mais iis ne peuvent dire, ni dans quel temps, ni
■ de quelle partie précifément du Nord ils font venus : ils
■ ajoutent que c’eft par leur éloquence & par leur auftérité
■ que les Brames font venus à bout de renverfer le culte qu’on
I rendoit au dieu Baouth, & de chaffer fes Miniftres.
Ces différens objets font le fujet des trois Chapitres qui
I divifent cette première Partie.
C H A P I T R E P R E M I E R .
[ De quelques Coutumes ¿ f Ufages des Indiens de la
cote de Coromandel, dans lequel on parle aujfi de
leurs Moeurs, le tout relativement au climat: on y
a joint quelques Remarques fur la guerre à “ le
commerce de cette partie. de l’Inde.
\ o N fe.it que les Portugais ont réufli les premiers à doubler
I le cap de Bonne - eipérance, que les premiers ils nous ont
i fait *tonnoître la côte de Malabar, & les habitans de cette
[ contrée qui, comme tous les autresJgabitaris de la prefqu’île
I de l’Inde en-deçà le Gange, font drftingués par différentes
L caftes ou tribus. C ’eft de ces premiers Navigateurs dans
1 l’Inde que nous eft; venue en Europe la fauflë fignification
F du mot Malabar. Nous donnons, d’après les Portugais,
prefque indiftinélement le nom de Malabar à toute la côte
| occidentale de la prefqu’île, pendant qu’elle n’en fait que la
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