J ’adrefiai aufli à M. de fa Lande une copie du même
Mémoire pour le lire à l’Académie: ce Mémoire eft imprimé
parmi ceux de cette Compagnie pour l’année 176 8 . M. de
la Lande, après avoir comparé les Tables à des obfervations
faites à Stockolm & à Paris, trouva que l’erreur des Tables
étoit fenfiblement nulle, & par conféquent'qu’il n’y avoit,
pour aïnfi dire, rien à changer à cet égard au réfuitat précédent
;• que la différence des méridiens entre Paris & Manille
pouvoit être fuppofée de y h 5.4/ 4," 30"' : cette quantité
diffère peu de mon premier réfuitat.
Jdbfervai, le 1.” Février de la même année 1 y 6y, une
éclipfe partiale de Soleil. Je ne vis pas le commencement;
mais la fin fut obfcrvée avec beaucoup d’exaélitude. M. du
Vaucel, Correspondant de l’Académie Royale des Sciences,
a depuis calculé cette éclipfe fur les Tables de M. Clairaut ;
il a aufli employé les formules analytiques de M. du Séjour.
Selon fes calculs qu’il a préfentés à l’Académie , la longitude
de Manille eft de 7 h 54/ 2", réfuitat qui s’accorde parfaitement
avec les précédens. Les Tables de Mayer donnent
une minute de plus.
Après le départ de M. de Cafeins, je continuai mes obfervations
fur la longitude & la latitude de Manille, tant au
moyen des obfervations du premier fateilite de Jupiter,
qu’au moyen des angles horaires de la Lune. Je fis auifi un
très-grand nombre d’expériences fur la longueur du pendule
qui bat les fécondes en cette ville.
Je fis Connoiflânce de .Don Eftevan Roxas y Melo, & de
Don Andrès Roxo. Le Père Melo étoit natif de Lima, &
Chanoine de i’églife cathédrale de Manille: cetoit un homme
très-curieux, inftruit, ayant un riche cabinet en livres & en
d a n s l e s M e r s d e l ’I n d e . 23
inftrumens de Mathématiques. Les Péruviens ont les qualités
du coeur excellentes, & font très-bons amis; Don Eftevan
Melo m’a rendu les plus grands fervices pendant mon féjour
à Manille. Don Andrès Roxo étoit Mexicain ; il étoit venu
à Manille avec fon oncle Don Manuel Antonio Roxo,
Archevêque de Manille : il fut fon Secrétaire.
Dans ce temps-là, par une Ordonnance de la Cour d’Ef-
pagne, le bâton de commandement tomboit entre les mains
de l’Archevêque, lorfque le Gouverneur mourait avant que
d’être remplacé. En vertu de cette Ordonnance, l’Archevêque
Roxo fe trouva commander à Manille pendant la
guerre & pendant le fiége & la capitulation de la ville. Don
Andrès Roxo étoit alors Secrétaire du Gouvernement. II
époufa une des filles du Marquis de Vilia-Mediana, famille
diftinguée d’Efpagne. On me fit dans cette maifon l’accueil
le plus gracieux qu’on puiffe faire à un Étranger : je fré-
quentois beaucoup cette maifon ; enfin je partageois mes
momens entre la maifon de Don Andrès Roxo & Don
Eftevan Roxas y Melo» Notre intimité a duré jufqu’à ce
jour. J’ai reçu régulièrement tous les ans, depuis mon départ
de Manille, des nouvelles de ces deux amis; les dernières
m’ont appris que la mort m’en avoit enlevé un des deux,
Don Eftevan Roxas y Melo.
Lorique j’arrivai à Manille, il travailloit à une Carte des
îles Philippines: cette Carte eft faite daprès tout ce quil
put recueillir des Journaux de différens Pilotes qui avoient
fréquenté l’archipel des Philippines. Un Pilote François, qui
avoit refté long-temps à Manille, & qui y étoit mort fort
regretté un an avant mon arrivée à cette v ille , avoit aufli
fourni beaucoup de matériaux à Don Eftevan Melo. Aufli