II y avoit dans l ’air deux couches de nuages , celle d ’en bas
çhafloit du Nord-eft , la fupérieure n’avoit aucun mouvement ; la
barre s ’étoit gonflée le foir : il éclaira beaucoup dans le Nord-eft. Le
Vaifleau l ’ Indien eut ordre d’aller au large', on crut que y pendant
la n u it , les vents reviendraient au N o rd , & même au Nord-oueft-
mais on., fut trompé, la nuit fut plus mauvaife ■ que n ’avoit été la
journée , car il plut abondamment ; il tonna beau cou p, en forte
que la nuit fe palfa en grains du Nord-eft & en calme. L e 1 2 , ¡à. 6,
heures du matin, il pleuvoit encore, le vent avoit auflt fraîchi.du
No rd -e ft; il plut jufqu’à 7 heures & demie, mais la barre étoit
tout-à-fait tomb é e , ce qui étoit un très-bon lign e ; & en .e ffe t, le,
mauvais temps s’arrêta là , le vent tomba & commença par regagner
le Nord ; il plut encore beaucoup dans l’après - midi. A 4 heures
le temps commença à s’éclaircir ; la foirée fut très-belle, .avec un.
petit vent de Nord. L e Vaifleau Y Indien avoit eu ordre de mettre,
à la vo ile , & de s’en aller dans la grande rade; mais jufqu’à ce
moment il n ’avoit pu appareiller.
L e 1 3 , au lever du Soleil, il failoit le plus beau temps du monde,
avec un joli petit frais de N o rd ; à 7 heures, le vent palfa au
N o rd -o u e ft. L.’ Indien n ’attendit pas plus lo n g - tem p s , il mit à
la v o ile , il alla mouiller par 14 bralfes & demie dans le Sud-e(t
quart d’L f t , & l’Eft-fud-eft entre les deux de mon Obfervatoire,
la journée fut pareille à une de-ces belles & rares journées du commencement
de l ’été à Paris; la brife commença vers .les 9 heures
à fouiller du N o rd -e ft , elle y refta le relie de la journée, joli petit
irais. L e 1 4 , le 1 5 , le 1 6 & le 1 7 , furent pareils pour la beauté,
mais les vents ne firent que varier, & fouillèrent autant du Sud-elt
que du Nord-eft. L e relie du mois; fut aflëz laid; quoiqu’on ne
fut pas encore décidément dans la faifon p lu v ieufe , la mouçon. du
N o rd a paru formée , fans qu’on .puifîe afîurer précifément le jour
q u ’elle a paru reverfée. D u j S au 2 4 , les vents fouillèrent comme-
1 pendant la mouçon du N o rd ; le temps fut fombre & menaçant,
l ’horizon très - lpuvent bordé d’o rages, qui faifoient quelquefois un
pbjet majeflueux, mais effrayant. D ’autres fois le temps étoit fi.
fombre & les nuages fi b a s , qu’on eût dit qu’on étoit près de les
toucher avec la main ; il y a eu beaucoup de calmes, mais tous ces
temps menaçans furent prefque toujours fans effet ; on voyoit que
la mouçon & la faifon pluvieufe avoient de la peine à fe décider.
C ’eft au 29 que je crois pouvoir fix e r , pour cette année 1 7 6 9 ,
fépoque de l ’arrivée des vents du Nord-eft. L e s courans changèrent
auflr ce même jour.
Le 23 , ils alloient du N o rd au S u d , parce que les vents de
Nord-eft foufiîoient depuis plufieurS jours.
Le 29 , 011 les vit changer de direétion & aller du Sud au N o r d ,
c’eft-à-dire, filer la côte. V o ic i ce qui m a donné occafion de fuivre
leur direétion : le 2 2 , à 4 heures après-midi, après une pluie très-
abondante , la mer me parut rouge & comme teinte de lâ n g , à 2
lieues environ au Nord de la ville ; peu-à-peu le phénomène
approcha & gagna le S u d , de façon que les eaux de la mer
paroiffoient, tout le long de la côte , rouges à plus d’une encablure
( cent toîfes j du r iv a g e , ce qui formoit une grande bande ou fond
tout-à-fait fingulier : le lendemain rtratin 23 , la mer avoit encore
line légère nuance de cette couleur.
D u 24 au 3 0 , il y eut une révolution de vents de S u d - e ll, &
cette révolution fie tout-à-fait changer les courans.
Le 29 , je vis revenir une zone r o u g e , à-peu-près p a re ille , &
qui alla le perdre dans le Nord ; ayant pris des informations fur ce
phénomène que je n ’avois point vu l ’année précédente , on me dit
qu’au Nord de Pondiçhéry,. à ,deux lieues & demie en viron, il y
aune ravine très-profonde & très-large dans le prolongement du
côteau, que.la mer entre même quelquefois dans l’embouchure dè
cette ravine, que fon aétion , jointe aux pluies qui tombent quelquefois
dans cette partie, entraînent les terres & les fables,, la mer les
■voiture avec elle , ce qui lui donne la couleur que je lui v i s ,
couleur qui eft celle du lable de tout le côteau. Apparemment q u ’il
y a au Sud de Pondiçhéry’ de femblabhs terrés & ravines ; à moins
qu ou n ’aime mieux fuppofèr que la mer ne fit que rapporter, le 2 9 ,,