bourbouilles. Je me rappelle qu’après avoir pris un matin, à mon
déjeûner, du thé au lait chaud, je ferais prefque entré en fureur
le montent d’après]; on les calme avec de la poudre à poudrer : régulièrement
tous les foirs, avant de me mettre au lit, je me faifois
poudrer les épaules & le dos par mon domellique ( car elles empêchent
fouvent de dormir ) , pour être plus tranquille pendant la
nuit.
Quelques perfonnes difent que ces bourbouilles font une marque de
fanté ; mais on m’a alluré, d’un autre côté, que beaucoup de gens
font morts dans le temps même qu’ils les avoient.
Le flux de fang doit être mis au rang des grandes incommodités
de l’Inde ; cette maladie eft prefque toujours très-longue, & quelquefois
fuiVie de la mort. Lés Indiens n’y font guère fujets, car il
¿ttaque Bien plus fréquemment les Européens, qui s’aigriffent le
fang par une nourriture trop forte.
Le remède en ufage ici, contre le flux de fang, eft une diète
ftriite , & une abftinence de tout autre mets que du riz cuit à l’eau,
fans aucune fauce ni affaifonnement ; les Indiens attribuent au riz
cuit à l’eau, une qualité ablbrbante contre l’acrimonie du fang qui
caufe cette maladie ; les Européens ont trouvé l’ufage de ce remède
établi à la côte lorfqu’ils y font venus; ils y ont joint du poilfon
frit bien fec : vous voyez que ce traitement n’eft pas différent de
celui de l’île de France; mais nos Chirurgiens ont remarqué, dans
ces derniers temps , que ce remède, qui peut être très-bon pour les
Indiens, dont les eftomacs font faits au riz dès leur plus tendre
enfance, eft nuifible à beaucoup d’Européens ; ils ont trouvé que
de la croûte de pain bien cuite étoit préférable au riz. Je fais par
nia propre expérience, que dans une pareille maladie que j’ai eue
ici cette année, du riz me fut très-contraire, & que je fus obligé
de l’abandonner.
Le mort-de-chien ou mordechen, comme l’appelle Henri Grofe,
eft une maladie terrible & plus dangereufe que le flux de fàng, elle
fait mourir fouvent en moins de trente heures ; je la regarde comme
une forte d’indigeftion qui occafionne la plus violente révolution
dans tout le corps : les Indiens font encore beaucoup moins fujets
a cette maladie que ne le font les Européens.
L e malade eft pris de vomiflëmens terribles, de douleurs confî-
dérables dans les inteftins, & d’évacuations inconcevables, il perd
peu-à-peu fes fo r c e s , & tombe dans des défaillances continuelles.
A la côte de Coromande!, on emploie des lavages & des cordiaux :
Grofè dit qu’ à la côte de Malabar, on applique des cautères fous
la plante des pieds, & que leur révulfion puiffante opère prefque toujours
un effet falutaire.
Je rapporterai i c i , à cette o c ca fion , un remède finguüer de
l ’Inde, contre les vomilfemens occafionnés par les indigeftions : j ’en
eus une un jour pour avoir mangé des mangues. V o u s favez que ce
fruit palîè pour ne faire jamais de mal ; en e ffe t, j ’en avois mangé
pendant près de fix ans dans vos île s , où elles ne font pas un fruit
bien délicieux; & pendant près de deux ans à Manille, fans avoir
relïènti la plus légère incommodité ; ici ce n ’a pas été la même
chofe , car plus de dix heures après le repas , je rejetai à plufieurs
reprifes ces mangues telles que je les avois mangées ; je pris du thé,
mon eftomac étoit fi fatigué qu’il le rendoit à chaque fois ; j ’étois
en même temps fi foible que jé ne pouvois me foutenir ; je fis
faire du.'café à l ’eau, qui eut le même fort que le thé : mon Interprète
Tamouls arriva fur ces entrefaites ; ayant appris mon accident,
il m’affura qu’il alloit me guérir ; il pr it, pour cet e ffe t, une poignée
de riz , le fit rôtir comme on fait le café ; le pila dans un mortier,
enfin, il le fit bouillir dans la valeur d’une demi-bouteille d ’e au ,
comme il aurait fait du café ; il me fît enfuite tout avaler fans
laiffer repofer la liqueur : ce fut la feule chofe qui me relia dans
l’eftomac ; les vomilfemens, qui avoient continué jufqu’à ce
moment, cefsèrent alors, & je me trouvai très-foulagé. C e fait; eft
en faveur de l ’opinion des Indiens, & femble prouver q u ’en effet
le riz a une qualité abforbante.
Les mouftiques font ici beaucoup plus incommodes qu’ à l ’île
de F ran c e , mais on peut abfolument s’en garantir. Mquftique vient
du mot portugais mofquito, moucheron. C ’e f t , félon la définition