i 5 Octobre au 3 o du même mois. Cette règle peut être
regardée comme fixe & invariable, puifqu’elle ne s’efl point
démentie pendant un grand nombre d’années : des perfonnes
très-dignes de fo i, qui l’ont obfervée à la côte de Malabar ,
m’ont communiqué leurs obfervations fur ce fujet.
De cette règle, on en peut tirer celle-ci : Que les mouffons
ne régnent pas fix mois d'un cote d/ Jtx mois de l autre, comme
A I. Halley Ta fuppofe', & comme le penfent encore quelques
Navigateurs ; à moins quon ne prenne la fuppofition pour un
à-peu-près. Car il me paroit certain que la moujfon de l'E fl dure
plus' longtemps d'environ trois femaines, que la moujfon de
l ’Ouejl, au moins pour Tétendue de mers comprime entre la cote
orientale d'Afrique & la côte de Malabar. J appuie des faits
fuivans, la remarque faite à Mahé.
En 1 7 5 8 , la Brigitte partit de Bourbon le 27 Mars,
& après avoir efluyé beaucoup de calmes & de petits temps
contraires, occafionnés par la mouflon duNord-éït qui tiroit
à fa fin, cette frégate n’arriva à Cochin que le 23 Mai;
il n’y avoit que quelques jours que la mouflon de 1 Oueit
étoit déclarée.
E n 1761 , dans mon premier voyage pour l’Inde, lur la
frégate la Sylphide, comme on le verra plus en détail dans
le Volume luivant, nous partîmes de l’île de Bourbon le 23
Mars : parvenus au nord de la L igne, nous trouvâmes
encore les relies de la mouflon du Nord-ell, qui nous força
d’aller jufqu’à Soccotora : là nous trouvâmes, le 26 Avril,
. un forban Maure, qui nous annonça que la mouflori que
nous attendions chaque jour, ne reverfèroit que du 18
au 20 Mai : huit jours après, le 4. M a i, nous rencontrâmes
un Vaifleau Maure marchand qui alloit à Gedda dans
d a n s l e s M e r s d e l ' I n d e .
la mer Rouge; il nous confirma la même chofe, ces deutf
Vaiflèaux ne fe trompèrent pas dans leurs annonces. Le*
navigateurs Maures, que les mouflons mènent & ramènent,,
font dans le cas de connoitré feS limites de cés mouflons,
d autant mieux qü ils ne s éxpoiènt guère à naviguer contré
mouflon.
Enfin, je fus moi-même témoin du réverlèment de cette
mouflon : elle commença de fe faire fontir le 1 1 , le 12
& le 13 Mai ; ce fut une tres-fbible brilê de l’ouelt qui
ne fut precedee d aucune tempête, d’aucun mauvais temps ;
mais il faut obfèrver que nous étions encore à plus de
trois cents lieues de la côte de Malabar.
En 1763 , la frégate l’Expédition, excellente voiIière,j
appareilla de l’île de Bourbon le 2 5 Avril pour aller dans
llnde : elle fr flattoit de trouver la mouflon déclarée au
nord de la Ligne ; elle n’y trouva au contraire que des calmes
& de petits temps qui la prirent un degré environ au nord
de la Ligne, & qui la conduifirent juiqu’à la vue de la côte
de Malabar, où elle arriva le 20 Mai; ce fut alors que la
mouflon reverfa, mais aufli cette Frégate efliiya des temps
affreux.
Un troifième exemple prouve encore la même choie.
Le Sumatra partit de l’îlé de Bourbon le t ç d’A v r ii
'17. . , il s’attendoit à trouver la, mouflon de l’Oueil au nord
de la Ligne : il n’y trouva au contraire que des calmés &
des petits temps; il arriva vers le 20 Mai à la côte de
Malabar , au moment où la mouflon reverfoit-. Il fut à la'
dernière extrémité ; & pour parler le langage1 des Marins ,
il- y fut réduit aux voeux, & il ne fe tira du mauvais pas*
Tome I , Q 000