large, comme on la nomme, parce quelle vient par-
deflùs la mer, s’annonce par une efpèce de brouillard ou
de filmée qu’on aperçoit à l’horizon peu de temps avant
que cette brife arrive ; cette fumée a fouvent moins de deux
degrés d’élévation au-deffus de l’horizon où elle fie tient,
comme fi elle y étoit attachée ; quelquefois on la voit fans
interruption jufqua la nuit; ce qui arrive lorfque la brife
de terre foufHe pendant le jour, & quil n y a point de brife
du large.
On regarde à Pondichéry la brife du large comme un
effet bienfaifant de la Nature, & on l’attend avec une impatience
fingulière; on la voit, comme je lai dit, a 1 horizon,
avant quelle arrîVe, & 011 la fent un inifant avant quelle
foufHe, par l'odeur de marécage qu’elle porte avec elle &
qui la précède. C ’eft l’affaire d’un inifant ; en moins de
deux minutes, les vents qui fouffloient de terre avec force
paffent au Sud-efl; on fe trouve foulagé dans le moment,
comme fi on vous redonnoit-la vie; les corps fembient plus
légers, on fe fent beaucoup plus agile, & le thermomètre
qui marquoit, il n’y a qu’un moment , 3 5 ou 3 6 degrés au-
deffus de la glace, baiffe fubitement a 2 6 , 2 5 ou 2,4 degrés.
Cette brife du Sud-eft efl un vent égal & agréable,
quelquefois affez fort pour faire moutonner la hier ; maigre
cela, ce vent n’eft qu’un vent fort bas, & pour ainfi dire
rampant;.car les nuages n’en viennent pas moins de lOueft
avec allez de vîtelfe. C e vent de Sud-eft ne s’étend pas
non plus fort avant dans les terres, on le perd à deux ou
trois lieues au plus du bord de la mer; en avançant davam
tage , on reffent le vent de terre, c’eft-à-dire, du Sud-oueft
pu d’Oueft,
Il m’eft arrivé fouvent, quand je relevois les environs
'de Pondichéry, de n’aller à la campagne que plus d’une
heure après que la brife du Sud-eft étoit déclarée for le bord
de la mer ; cette brife me quittoit ordinairement aux portes
de la ville, à fept ou huit cents toifes du bord de la mer:
là, je trouvois la brife de terre ou du Sud-oueft, foible
à la vérité, mais brûlante ; elle m’accompagnoit fouvent
jufqu a une lieue de la ville. A la fin cependant, la brife
du Sud-eft venoit, de forte que cette brife étoit déclarée
h Pondichéry deux heures avant qu’elle le fût dans les terres
à deux mille toifes de diftanqe ’de cette ville. Cette même
brife du Sud-eft ne s’étend pas à plus de quatre à cinq
lieues au large. On trouve à cette diftance de la côte les
vents de la mouçon, c’eft-à-dire, des vents du Sud-oueft &
d’Oueft.
Un autre phénomène contribue encore à tempérer l’ardeur
des vents de terre a la cote ; ce font les orages qu’on efluie
pendant cette fàifon ; il eft rare qu’il n’y ait pas tous les
foirs un orage, plus ou moins violent : il commence à fe
former dans l’après-midi depuis le Nord-oueft jufqu’au Sud-
oueft; il eft accompagné d’un vent très-impétueux, d’éclairs,
de tonnerre & d’une pluie des plus abondantes.
Quoique ces orages ne parviennent pas régulièrement
tous les foirs à Pondichéry, ils fe font prefque toujours fentir
dans les environs : ces differens effets font que les nuits font
fraîches à Pondichéry ( en comparaifon du jour ) ; le thermomètre
defcend ordinairement à 22 degrés, ce qui fait
près de 14 degrés de différence du jour à la nuit.
A la faifon des vents de terre fùccède celle des vents de
Nord; mais ce changement ne iè fait pas toujours fans occa-
Tome I. p p p