idée fur la création eil tout-à-fait fingulière : nous ne nous
£dit. d’AmJt. y arrêterons pas, on peut la lire dans Bernier & dans ie
‘ 7*} ’ premier volume des Cérémonies religieufes.
C e fyltème eil auiîi celui des Brames de nos jours ; ii fait
la bafe de la religion qu’ils ont apportée dans le Sud de la
prefqu’Iiie de i’indoilan, le Maduré, le Tanjaour & le
Maiiîbur.
II y avoit alors dans ces parties de l’Inde , & principalement
à la côte de Coromandel & à Ceylan , un culte dont
on ignore abfolument les dogmes : ie dieu Baouth, dont
on ne connaît aujourd’hui, dans l’Inde, que le nom, etoit
l’objet de ce culte ; mais il eil tout-à-fait aboli, fi ce n’eit
qu’il fe trouve encore quelques familles d’indiens féparées &
méprifees des autres caites, qui font reliées fidèles à Baouth,
x & qui ne reconnoiilent point la religion dès Brames.
Je n’ai pas entendu dire qu’il y ait de ces- familles aux
environs de Pondichéry ; cependant, une chofe très-digne
de remarque, & à laquelle aucun des Voyageurs qui parlent
de la côte de Coromandel & de Pondichéry, n’ont fait
attention, eil que l’on trouve à une petite lieue au fud de
cette ville, dans ia plaine de Virapatnam, allez près de la
rivière , une ilatue de granit très- dur 8c très - beau : cette
ilatue, d’environ trois pieds à trois pieds 8c demi de hauteur (
«il enfoncée dans le fable jufqua la ceinture, 8c pèle lans
' doute piufieurs milliers ; elie eil comme abandonnée, au
milieu de cette vaite plaine : je ne peux mieux en donner
une id ée, qu’en diiànt qu’elle eil exaélement conforme' &
relfembiante à Sommonacodum des Siamois; c’ell la même
forme de tête, ce font les mêmes traits dans le viiàge, c’eft
la même attitude dans les bras, 8c les oreilles font abfolument
ifemhlables. La forme de cette divinité, qui certainement a
été faite dans le pays, 8c qui ne relîèmble en rien aux divinités
aéluelies des Gentils , m’avoit frappé lorfque je palïài
dans cette plaine; je fis diverfes informations for cette figure
Ifinguiière; les Tamoults m’alîùrèrent tous que c’étoit Baouth
[qu’on ne regardoit plus; que fon culte 8c fes fêtes étoient
[celîees depuis que les Brames s’étoient rendus les maîtres de
la croyance du peuple.
Les Tamoults m’alîûrèrent encore que du temps de Baouth,
lies Chinois venoient commercer à ia côte de Coromandel :
qu’ils avoient une colonie à lendroit où eil aélueilement
Negapatnam; ce qu’ii y a de très-vrai, c’eit qu’à Negapatnam
;on trouve une tour que l’on nomme tour des Chinois, faite
dans ie même goût que les tours chinoifes, que tout le monde
connoît; mais voici un trait d’hiiloire qui m’a paru plus
fingulier, 8c qui rend au moins très-probable cet établilîement
des Chinois à ia côte de l’Inde.
Les naturels de la province de Gales, dans l’île de Ceylan,
fe nomment Cingla ou Chingla ; ils portent leurs cheveux
longs Sc retroulîes avec un peigne d’écaiile, à-peu-près comme
les Cochinchinois 8c les Japonois. Or, la tradition du pays
porte que ce peuple defeend des Chinois établis à la côte
de Coromandel, qu’ils envoyoiënt les malfaiteurs en exil
dans’ l’IIIe qui fe nommoit Gales; c’eil de-ià qu’eil venu le
mot de’ Chingla, qui, à ce que prétend la tradition, fignifie
Chinois exilés à Gales. Quoi qu’il en ioit, l’auteur de qui je
tiens ce fait, auteur digne de foi, qui a vu les Chingla 8c
les Chinois, m’a alfuré que les Chingla ne lui ont paru
avoir aucune reffembiance avec les Chinois; le Chingla
paraît lourd 8c épais , mais doux ; fes traits iont plus
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