à expliquer d’où elle tire ion origine ; peut-etre y trouveroit-ort
des traces des anciens Guèbres ou adorateurs du feu.
11 y avoit anciennement dans l’Orient un ufage qui, peut-
être venoit des adorateurs du feu en Perfe. On faifoit un
facrifice d’enfans à Saturne, que l’on brûloit enfon honneur;
ulage qui fut converti par la fuite eif'ceiui de les faire palier
au travers de ia flamme fans les faire périr. Or, dans la cérémonie
que je vis à Pondichéry, un des Indiens qui traverfoit
le brafier tenoit entre fes bras un petit enfant.
Les Indiens de la côte de Coromandel ont une troifième
fête: celle-ci eft une réjouiflance que chaque famille fait
chez foi vers le 11 de Janvier : on la nomme Pongol.
Le fixième volume des Cérémonies religieufes en parle ;
l’auteur d’après lequel M.ls l’Abbé Bannier & le Mafcrier ont.
écrit, dit que la beauté du fo le il & les fervices qu’il rend à
l ’Univers par la lumière dont il eft la.fource, ¿7“ par la chaleur-
féconde dont il anime toute la Nature, a été une des'premières
caufes de lidolâtrie ; que les Brames célèbrent en fon honneur:
me fête qu’ils appelent pongol ; que cette fête confifte à faire
cuire du B avec du lait hors les maifons, dans un lieu expofé:
au fo le il de midi, que le riz l ul cu^ ce jour-là eft très-fain ,
& qu’on le garde le plus long-temps qu on le peut, & c.
Que le jour d ’après le pongol, le monde étant encore dans
la réjouijfance, on promène les vaches dans les campagnes, le
cou chargé de couronnes & de gâteaux:, afin que ces animaux
puiftènt participer à la joie publique.
C ’eft-là tout ce que j’ai trouvé d’écrit iùr. 1o pongol avant
mon voyage, dansTlnde : Grofe & Holwelln’en parlent point;
voici quelques particularités de plus.
Je conviendrai que le foleil a pu être une des premières
caufes de l’idolâtrie, & s’il pouyoit y en avoir quelqu’une,
de pardonnable, ce ferait, à mon avis, celle-là; mais le
pongol n’eft pas, exactement parlant, une fête en l’honneur
du foleil comme divinité.
Pongol, félon mon. Interprète, veut dire bonne année;
bon an : cet ufage eft la cérémonie qui fe pratique ce jour-là
chez les Indiens , tout revient, fans doute, à l’ufage que nous
avons de nous fouhaiter la. bonne année, & de partager
Je gâteau ; c’eft en réjouiflance de ce que le foleil remonte
vers l’Inde, & qu’il va ramener la fécondité, que les Indiens
célèbrent l’entrée de cet Aftre dans le Capricorne ;. d’où il
fuit que les Indiens ont deux fortes d’années.
L’année aftronomique qui commence, comme je le dirai,
le i.cr d’A v r il, iorfque le Soleil entre dans ia conftellation
du Bélier.
■ L’année civile qui commence trois mois avant, Iorfque
le Soleil entre dans la conftellation du Capricorne.
Les préparatifs du pongol commencent trente jours avauî
le premier jour de l’année civile; voici comme on le "fait
à Pondichéry , car les Gentils difent faire pongol, comme
nous diions faire les Rois , &c.
Les Gentils, pour faire pongol, conftruiiênt dans la rue
au-devant de leur porte, unè petite table, ou plus exaélement
une petite aire en briques,. à chaux tk. à fable, de deux à
trois pieds en carré, & de cinq à iix pouces en hauteur plus
ou moins. Le premier jour , de très-grand matin , iis couvrent
cette table avec des petits tas de bouze de vache gros comme
un oeuf d’oye à peu-près chacun, arrangés avec une certaine
fymétrie iis les couronnent de chacun une fleur de citrouille..
Vers les dix à onze heures du matin ils enlèvent tout ,
& gardent les petits tas de bouze de vache pour le lendemain