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pour avoir célébré la meffe étant excommunié. Ces'
lettres font du mois de Jui l le t , indidion feconde :
c ’elt-i-dire l’an 599.
Caltorius étant arrivé à Ra venne , 8c ayant déclaré
fa -commiffion, Maxime de Salone fe profi-
terna fur le pavé au milieu de la v i l le , en cr iant,
J ’ai péché contre Dieu 8c contre le bienheureux
pape Grégoire; 8e demeura ainfi en pofture de penitene,
pendant trois heures. L exarque Callinique,
le.cartulaire Caltorius, 8c l’évêque Mar inien, y accoururent;
Se Maxime s’étant releve , il témoigna
encore devant eux de plus grands fentimens de pénitence.
On le menaau corps defaint Apollinaire,
où il jura, qu’ il étoit innocent de tout ce qui lui
avoit été reproché , touchant les femmes , ou la
fimonie. Alors Caltorius lui donna la lettre du
pape , par laquelle il lui rendoit fa communion 8C
fes bonnes g râ ces , 8c lui accordoit le pallium, a 1*
charge d’envoyer quelqu’un pour le recevoir , fui-
’vant la coutume: lui déclarant l’obligat ion, qui i
avoit à l’exarque Callinique, Caltorius revint a
R om e , amenant un diacre de Maxime qui fit au
pape la relation de tout ce qui s’etoit palle , 8c rer-
eut le pallium, avec une lettre pour Maxime , où lé
pape témoigne .être pleinement fatisfait; 8c 1 exhorte
aune parfaite réconciliation avec 1 eveque Sabinicn,
l ’archidiacre Honorât , &c un clerc nommé Melfien,
qui s’étoit réfugié àRome. Ainfi fut terminée cette
affaire, le.fept iéme des calendes de Septembre,
indiétion feconde : c’eit-à-dire , le vingt - f ixiéme
d ’Août ¿99,
C ett
L i v r e T r e n t e - S i x i e ’m e ; 14 5 '
Cette-année 599. faint Grégoire envoya en Gaule
Cyriaque abbé de fon monallere de Rome , pour
faire tenir un concile. Comme il devoit palier à
Mar fei l le, il le recommanda à l’évêque Serenus, à
qui il dit dans la même lettre : J’ai appris il y a
iong- tems, que voyant quelques perfonnes adorer
les images de l ’églife, vous les aviez brifées 8c jet-
îées dehors. Je loue vôtre ze le , pour empêcher que
ce qui eit fait de main d’h omme , ne foit adoré : mais
je croi que vous ne deviez pas brifer ces images. Car
on met des peintures dans les églifes, afin que ceux
qui ne fçavent pas lire , voy ent fur les murailles
ce qu’ils ne peuvent apprendre dans les livres. Vous
de vie z donc les garder : 8c détourner le peuple de
pecher en adorant la peinture. Ces images étoier.t
apparemment fur du bois, comme la plupart des anciens
tableaux.
Serenus ne fe rendit pas à cette let tre, 8c écrivit
à faint Grégoire ; comme doutant qu’elle fut de
lui. Surquoi faint Grégoire lui répondit l ’année
fuivante 600. au commencement de l ’indidion quatrième.
Vous ne deviez avoir aucun ioupçon de
l ’abbé Cy r ia qu e , qui étoit porteur de mes lettres.
Et enfuite pariant des images , qu’il avoit brifées :
Dice s -mo i , mon frere, quel évêque avez-vous jamais
oüi dire, qui en ait fait autant ? Cet te feule
confideration ne devoit-elle pas vous retenir, afin
de ne paroitre pasfeul pieux 8c fage , au mépris de
Vos Ireres ? Et enfuite : On dit qu’en brifant ces
images vous avez tellement feandalifé vôtre peuple
; que la plupart s’eft feparé de vôtre commu-
Tome V I H . p
A n . 599.
IX.
Lettres à Serenus.
Images.
v i i.Epiiî,ITQ,