
- 4 H i s t o i r e E c c e e s i a s t i q j u e .''
A n. 590. velle d ign i té , il s’cn plaignit ferieufement à fes
!!• amis. Voic i comme il en parle au fcolaftique Paul „
Plaintes le ' A \ . « 1 1 r . . 1 r
s. Grégoire, prêt a quitter le gouvernement de Sicile : Je ne me
ii .i.epiji.) mets pas beaucoup en peine que les étrangers me
félicitent de l’honneur du facerdoce : mais je fuis
fenfiblement affligé que ceux qui connoiifent
comme vous parfaitement mon inclination croient
que j ’y trouve quelque avantage. Rien ne m’étoit
plus utile que d’obtenir le repos que je dehrois. Et à
Mfij?.+. Jean patriarche de C . P. Je içai avec quelle ardeur
vous avez voulu fuir la charge de l’épifeopat : Se
cependant vous n’avez pas empêché qu’on me l’ait
impofée. Vous ne m’aimez donc pas comme vous
même , fuivant la réglé de la charité. EtàTheoê t i f te
feeur de l’empereur ; On m’a ramené au fiecle fous
ty'fl- s- ' pretexte de l’épifeopat. J’y fuis chargé de plus de
foins temporels, que je n’en avois étant laïque. J ’ai
perdu la joie de mon repos, 8c paroiifant monter au
dehors, je fuis tombé au dedans. Je m’efforçois tous
les jours de me tirer hors du monde, hors de la chair,
d’éloigner de mon efprit toutes les images corporelles
, pour voir fpirituellement la joie celefte. Ec
«fÿf.i. jedifois du fonds du coeur: Je cherche, Seigneur,
vôtre vifage. Nedef irant 8c ne craignant rien en ce
monde , j ’étois, ce me femblo i t , au deflus de tout.
Mais l’orage de la tentation m’a jetté tout d’un
coup dans les allarmes 8c les frayeurs : car encore
que je ne craigne rien pour moi , je crains beaucoup
pour ceux dont je fuis chargé. Je fuis battu
des flots de tous cotez : 8c quand après les affaires
je veux rentrer en moi - même , le tumulte des
L i v r e T r e n t e - C i n q j j i e ’ m e ; $ -
vainespenfées m’en empêche, 8c je trouve monin- 5?®*
teneur loin de moi. Et enfuite : L ’empereur doit
s’imputer toutes mes fautes 8c mes négligences, d’avoir
confié un fi grand minifteré à une perfonne fi
foible. Il dit encore au patrice Narfés : Je fuis tellement
accablé de douleur qu’à peine puis-je parler :
j ’ai l’efprit environné de tenebres : je ne vois rien
que de trille, 8c tout ce que l ’on croit agreable me
paroît affligeant. Car je penfe de quel comble de
tranquilité je fuis tombé , 8c en quelles occupations,
je fuis relégué loin de laface du Seigneur. Et à Anaf-
tafe patriarche d’Antioche : Vous qui m’aimiez fpi- 1'
rituellement , il me femble que vous ne m’aimez
plus que temporellement, en me chargeant d’un
fardeau qui m’abbat julquesà terre, Sc ne me permet
plus de m’élever aux penfées du ciel. Mais quand
vous me nommez la bouche 8c le flambeau du Seigneur
, 8c quand vous dites que je puis être utile à
plüfieurs : c’eil le comble de mes iniquitez de recevo
ir des loiianges, au lieu des châtimens que je mérité.
Et à André du rang des illuftres : Sur la nou-
velle de mon épi feopat , pleurez fi vous m’aimez :
car il y a ici tant d’occupations temporelles, que je
me trouve par cette dignité prefque feparé de l’amour
de Dieu. Et au patrice Jean , qui avoit contribué
à fon élévation : Je me plains de votre ami- • npiji,,0,
tié de m’avoir tiré du repos que vous fçaviez que je
cherchois. Dieu vous rende les biens éternels pour
votre bonne intention : mais qu’il me délivré com-
rna il lui plaira de tant de périls. Car comme mes
pechez le meritoient, jefuis moinsl’évêque des Ro