
35:1 H i s ï o i r e E c c l e s i a s t i q u é .
T* C . P. il nous a preifez de faire ôter cet article , ce
A N . £33, g L1j noLls a paru j ur . comme rompant la.réunion
de tant de peuples , qui jufques ici ne pouvoient
fournir le nom de faint Léon , ni du concile de
Calcédoine , & à prefent le récitent à haute vo ix
dans les faints myftercs.
Apres, donc avoir beaucoup parlé fur ce fujet
avec Sophrone , nous l ’avons enfin preifé de nous
rapporter des paifages des peres, qui nous enfei-
gnaifent expreffément & en propres termes, qu’il
faut reconnoître deux opérations en Jefus-Chrift :
çe qu’il n’a pu faire. A in fi voyant que cette difpute
commençoit à s’échauffer : & fçachant que tels
font ordinairement les commencemens des here^
fies : nous avons crû neceffaire d’appliquer tous
nos foins , pour faire ceilerces combats inutiles de
paroles. Nous avons donc écrit au patriarche d’ A le xandrie
3 que la réunion des Schiimatiques étant'
executée, il ne permît plus à perfonne de parler
d’une ou de deux opérations en Jefus-Chrift ;mais>
qu’il ordonnât de dire plutôt comme les conciles
oecuméniques, qu’un feul & même Jefus-Chrift
epere les ehofes divines & les chofes humaines ; &
que. toutes fes opérations procèdent indivifible-i
ment du même Verbe incarné , & fe rapportent à
lui feul. Car l ’expreflion d’une opération , quoiqu’elle
fe trouve dans quelques-uns des peres, fem-,
file toutefois étrange à quelquesruns, qui craignent
qu’elle ne tende à la fupreflion des deux natures,
ce qu’à Dieu ne plaife:& plufieurs font fcandalifez
du terme de deux opérations,parce qu’il ne fe trouve
dans
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dans aucun des peres ; & qu’il s’enfuit qu’on doit
reconnoître deux volonte z contraires : enforte que
le Verbe voulut l’accompliffement de la paffion,&
que l ’humanité s’y opposât. Il faudrait doncrecon-
noître deux principes de ces deux v o lo n te z , ce qui
eft impie. C ar il eft impoffible que le même fujet
ait tout enfemble, à l ’égard du même o b je t, deux
volon te z contraires. Or les peres nous enfeignent,
que la chair du Seigneur animée d’une ame raifon-
nable, n’a jamais eu aucun mouvement naturel, fe-
paré ou contraire à l ’ordre du V erbe ; & pour le dire
plus clairement : comme nôtre corps eft gouverné
ëc réglé par l ’ame raifonnable , ainfi tout le corn-
pofé de l’humanité de Jefus-Chrift étoit toujours
ëc en to u t , fournis à la divinité du Verbe , & conduit
de Dieu.
Et enfuite : Enfin nous fommes convenus, que?.
Sophrone ne paderoit plus d’une ni de deux volontez
; mais qu’il fe contenterait de fuivre le chemin
b attu, & la doétrine feure des peres. Nous ayant
donc promis d’en ufer a in f i, il nous a demandé
fur ce fujet vôtre réponfe par é c r it, afin qu’il pût la
montrer à ceux qui l’interrogeraient fur cette q.uef-
tion : ce que nous lui avons accordé volontiers,
& il s’eft embarqué pour s’en retourner. Depuis
peu l’empereur étant à Edeffe, nous a écrit d’extraire
les pa-ÎÎages de peres contenus dans l ’écrit
dogmatique de Menas à V ig i l e , touchant une
opération , & une v o lo n té , & de les lui envoyer :
çe que nous avons exécuté. Nous avons aufti écrit
à l ’empereur, &c à fon facellaire, tout le détail
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