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1 fecretement. I l craignoit moins pour lui-même§
• <»73* que pour ce fe ign eu r , qui étoit venu fous fa pro-
teétion ; & il ne vou lo it pas que le jour de pâque
fût profané par fa mort & fon églife pillée. Heétor
s’enfuit dés la nuit même : faint Leger le fuivit de
prés. Mais le roi fit courir après eux : Heélor fut
rencontré & tué avec tous les fiens, après une v i-
goureufe refiftancc. Saint Leger fut auifi arrêté &
ramené. Le roi l’envoya par le confeil des évêques
ôc des feigneurs au monaftere de Luxeu : jufques à
ce qu’ils déliberaifent tous enfemble , ce que l’on
feroit de lui. Quelques évêques craignant que le
roi ne pouffât trop loin fon ind ignation, confeil-
lcrent a faint Leger qu’il demandât en grâce de demeurer
pour toûjours dans ce monaftere ; ce qui lui
fu t accordé. Ebroïn y étoit encore : il paru réconcilié
avec faint Leger, ôc ils vécurent enfemble,
comme s’ils n’avoient jamais eu rien à démêler, ôc
s’ils euffent dû paffer le refte de leur vie dans ce
monaftere. Le roi toutefois , pouffé par de mauvais
confeils , a voit ordonné que faint Leger en
fût tiré , pour être dépofé ôc mis à mort : mais Er-
menaire l ’en empêcha. Il étoit abbé de faint Sym-
phorien d’A u tu n , ôc le roi lui a voit recommandé
la v i l l e , à la priere du peuple, après la retraite de
faint Leger. Il fe jetta aux pieds du ro i, ôc le pria
ta n t , qu’il permit au faint évêque de demeurer à
Luxeu. Ceux qui voyoientErmenaire aller fouvent
chez le roi à cette o c ca fion , le foupqonnoient de
folliciter contre faint L ege r, pour avoir fon évêché
, qu’il obtint effcébivement enfuite. Mais il
étoit
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A n . ¿73.
L i v r e t r e n t e - n e u v i e ’ m t . ¿ 2 7
étoit très éloigné de ce deffein ; ôc tant que S.Leger
v é cu t, il l’affiifta avec une grande affection.
Le roi Childeric continuant de s’abandonner à Conc, Fredeg.
les paifions, fit attacher à un poteau ôc battre de '
verges un feigneur nommé Bodilon : dequoi les
autres furent tellement ir r ite z , qu’ils confpirerent
contre lui ; ôc fqaehant qu’il étoit en une maifon
fituée dans la forêt Leuconie , que l’on croit être
celle de L iv ry prés de Paris : ils y entrèrent de force
, Bodilon tua le r o i , la reine B lich ild e , qui
étoit enceinte, ôc leur fils Dagobert encore enfant.
Ils furent tous trois enterrez dans l’églife de
faint Germain des Prez. Mais il refta un autre fils
de Childeric nommé Daniel. C e roi mourut l’an
673. après en avoir régné onze, & vécu vingt-trois.
A fa m o r t , la France fut agitée D Ode gr ands troub_les.
Theodoric fon frere, fortit du monaftere de faint
D en is , ôc fut reconnu roi enNeuftrie : en Auftra-
iîe , on reconnut Dagobert fils de Sigebert II. que
l ’on rappella d’Irlande.
Pendant ces defordres, un nommé Agricius re- l.
gardant faint Prejeét comme auteur de la mort du ' Cnm
patrice Heétor , excita contre lui
d’A u v e rgn e , & ils s’armèrent pour le perdre
faint prélat étoit parti d’Autun charge des ordres
du roi Childeric , pour lui confirmer la poffeifion
des terres conteftées ; ôc il étoit en paix chez lui
avec l’Abbé Amarin, qu’il avoit autrefois amené du
païs de V o fg e : lorfqu’ A g ric iu s , fçaehant qu’il
etoit à V o lv i c , y vint avec une troupe de gens armez.
les feigneurs
Le
A u fon de la trompette ; faint Prejeét ôc
Tome V I I I . K k k k
Sigeb. an. 67«.
uita S.Prej. ».
to. %. p. 644»