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Vita per. to.i
act. p. 1003.
Sup, n, jj.
606 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
dignité ; mais qu’il pouvoit indiquer un homme ,
dont la dodtrine 6c l’âge convenoit mieux à le p if-
copat. C ’étoit un moine nommé André , qui en
- fu t jugé digne par tous ceux qui le connoiifoient :
mais íes infirmitez corporelles empêchèrent, qu’on
ne l ’en chargeât. O n recommença à preííer Adrien
de l ’accepter : & il demanda du tems, eíperant
trouver encore un autre fujet.
Ï 1 y a voit alors à R om e , un moine nommé
T h éod o re , né â T a r fe en Gilicie : inftruit des lettres
divines & humaines, en Grec & en L a t in | de
bonnes m oe urs , & venerable par fon âge ; car il
avoit foixante 6c iîx ans. Adrien qui le conn oif-
f o i t , le prefenta au pape Se obtint qu’il feroit o rdonné
êvêque : mais â co n d itio n , qu’Adrien lui-
même le conduiroit en Angleterre. C a r il fçavoit
comment il fallo it faire ce voyage,ayant déjà deux
fois été en Gaule. Le pape vouloir auifi qu’il travaillât
avec Théodore à f’inftruétion des Anglois ;
Se prît garde qu’il n’introduisît rien dans cette
églife de contraire â la f o i , comme faifoient quelquefois
les Grecs. Théodore étant ordonné foû-
d ia c re , attendit quatre mois pour laiifer croître
fes chev eu x , afin qu’on lui pût faire la couronne.
Car les moines Grecs fe rafoient entièrement la tête
: prétendant imiter en cela les apôtres faint Jacques
6c faint Paul. Enfin le pape V italien ordonna
Théodore év êq u e , le dimanche vingt-fixiéme de
• Mars 668.
Saint Benoît Bifcop fe trouvoit alors â Rome, où
i l venoit d arriver pour la troifiéme fois. Car outre
L i v r e t r e n t e - n e u v i e ’m e . 6 0 7
le premier voyage q u il avoit fait.avec faint V i l—
fr id , il en fit un fécond avec le prince A lfr id fils
du roi Ofui. A u retour de ce fécond voyage, Bifcop
vint à l’iile de Lerin s, y reçut la ton fu re , &
cmbraifa la difeipline monaftique. Après y avoir
demeuré deux ans, il retourna à Rome ; 6c ce fut
a lo r s , que le pape V ita lien , qui connoiifoit fon
mér ité , lui recommanda le nouvel évêque T h é o dore:
6c lui ordonna de quitter le pelerinage qu’il
avoit entrepris, par la coniideration d’un plus grand
bien : de retourner en fon païs, d’y conduire T h é o dore,
de lui fervir de guide 6c d’interprete. Bifcop
obéît à l’ordre du pape 6c partit de Rome pour
l ’Ano-leterre avec l’évêque Théodore 6c l ’abbé
Adrien le vingt-feptiéme de M ai 668.
Etant arrivés par mer à Marfeillc , & de-la par
terre à Arles, ils rendirent les lettres du pape â l’archevêque
Jean : qui les retint chez lui,jufques à ce
qu’Ebroüin maire du palais, leur eut donné la per-
miflion de continuer leur voyage. Quand ils Eurent
reçue, Théodore vint à Paris trouver l’évêque
A g ilb e r t , qui ayant été long-tems en A n g le te r re ,
lui pouvoit donner de bonnes inftruétions. Il en
fut tres-bien reçu, & demeura long-tems avec lui.
Adrien alla d’abord chez Emme ou Emmon archevêque
de Sens puis à Meaux , chez faint F a ron ,
6c fejourna long-tems auprès d’eux. Car l’hiver-,
qui approchoit, les obligeoit a fe tenir en repos.
C ’eft le même Emmon, qui quelques années auparavant
, avoit accordé aux moines de faint Pierre
le v i f de Sens, un privilège dans un concile de