
j3o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ' .
je me profternai ; félon ma coutume , & je l’em'
braifai, puis quand nous fûmes afiis, je lui dema n
dai le fujet de fon voyage. L’empereur, d it- il, de-
iirant la paix des églifes, envoyé une offrande a
faint Pierre & une lettre au pape, l’exhortant à fe
réunir avec le patriarche de C . P. & il m’a honoré
de cette çommiftîon. Je répondis : Dieu foit loüé,
mais de quelle maniéré fe doit faire l’union ? Par
le T y p e , répondîtes-vous. Car faint Maxime ad-
drefla ici la parole à Grégoire , & continua : Et je
vous dis : je le croi impoiïible. Car les Romains ne
fouifriront jamais, qu’on fupprime les expreiïions
des peres avec celle des heretiques, & la vérité avec
le menfonge. Vous dîtes : Le Type n’ordonne pas
la fuppreffion des paroles faintes., mais feulement
le filence, pour procurer la paix. Je-répondis : Selon
l’écriture, le filence eft une fupprenion des paroles.
Vous dites : Ne me jettez point dans des épines ;
je me contente du fymbole. Le Type , repris-je ,
détruit le fymbole; vous me demandâtes comment,
& je vous priai de dire le fymbole : Vous commençâtes
à dire : Je croi en un fcul Dieu pere tout-
puilfant, créateur du ciel & de la terre , de toutes
les chofcs vifiblés & invifibles. Arrêtez un peu ,
vous dis-je, Dieu ne feroit point créateur , s’il n’a-
voit une volonté & une opération naturelle. Car
-e’eft par fa volonté, & non par neceifité , qu’il a
créé le ciel & la terre. Que fi l’on prétend par discrétion
fupprimer la foi avec l’erreur : cetq: forte
de difcretion nous fepare de D ieu , au lieu de nous
L i v r e t r e n t e - n e u v i e ’m e . ¡ ¡ ¡ |
réunir entre nous.1 Car les Juifs viendront demain
nous dire : Réuniifons-nous en fupprimant par dif- -
cretion de nôtre côté la circonoifion , &c du vôtre
le baptême. Les Ariens firent cette propofition
par écrit du tems du grand Çonftantin : Supprimons
le confubftantiel & le différent en fubftance,.
pour reunir les églifes. Mais nos perès n’y con-
fentirent p a s , & aimerent mieux fouffrir la perfe-
cution & la mort : quoique Conifantin favotifik
cette propofition. Et aucun empereur n’a pû per-
fuader aux peres de condefcendre aux heretiques
de leur tems, par des termes ambigus : mais ils fe
font toûjours fervis des expreifions claires, propres
&. convenables à la queftion: difant nettement,que
c’eft aux évêques à examiner & à définir les dogmes
de l ’églife.
Q u o i donc, dites-vous, tout empereur Chrétien
n’a-t-il pas auffi le iàcerdoce ? N on,répond is-je , il
ne l’a pas. Car il ne de prefente pas devant l’autel,
& après que le pain eft confacré , il ne l ’éleve pas
en difant : Les chofes faintes pour les faints. Il ne
baptife point : il ne confirme point avec le chrême;
il m’impofe point les mains, pour faire des év ê ques,
des prêtres & des diacres ; il ne confacre
point de temples ; il ne porte point les marques du
facerdoce, le pallium & l ’évangile ; comme il porte
la couronne & la pourpre, pour marques de
l’empire. Comment donc , dites-vous, l’écriture
nomme-t-elleMelchifedechroi ôc prêtre? Je répondis
: Il étoit la figure de celui qui étant l’eul véritable
roi & Dieu de to u t , s’eft fait pour nôtre fa-
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