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XVI.
Autre conférence.
53? H I S T O I R E E c C L E SI A S T I Q U E.
les n om s , quand on bannit les dogmes ? P ou v e z -
vous le montrer, dit T ro ïle ? Saint Maxime répond
it : Si vous m’en donnez la lib e r té , je le ferai fort
aifément.
Ils demeurèrent tous en filcnce,puis le facellaire
dit à faint Maxime : D ’où vient que vous aimez
les Romains, & que vous haïffez les Grecs ? Il rc-
pondit:Il nouseft défendu de haïr perfonne.J’aime
les Romains comme tenant la même f o i , & les
G re c s , comme parlant le même langage. Le facellaire
lui dit : Combien d’années vous donnez-
vous? Il répondit : Soixante &c quinze. Combien
y a -t-il que vôtre difciple eft avec vous ? T ren te -
lep t ans. Alors un du Clergé s’écria : Le Seigneur
vous a rendu ce que vous avez fait au bien-heureux
Pyrrus. A quoi faint Maxime ne répondit rien. Et
les deux patriarches ne dirent pas un mot pendant
toute cette conférence. Mais comme on parla du
concile de R om e , Demofthene s’écria : Le concile
eft n u l , puifque celui qui l’a aifemblé a été dé-
pofé. Saint Maxime dit : Il a été perfécuté , mais
non pas dépofé. Quelle procédure fynodale & canonique
a-t-on faite , qui puiffe prouver fa déposition
? Et quand il auroit été dépofé canoniquement
: ce qui a été décidé pour la fo i , félon les canon
s, n’en fouffriroit aucun préjudice, étant conforme
a ce qu’a écrit le pape Théodore de fainte
mémoire. A cela le patrice T ro ïle dit : Vous ne
fçavez ce que vous dites , Abbé : ce qui eft fait crt
fait.
Enfuite on fit fortir faint Maxime de la falle du
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co n fe il, on le remit en prifon. Mais lè jour de l a ------
P entecôte, d ix -fep tiém e de Mai 657. car il faut
lire ain fi, & non pas d ix -h u it, le patriarche fit demander
à faint Maxime : De quelle églife êtes
vous ? De Byzance, de R om e , d’A n tk x h e , d’A le xandrie,
de Jerufalem ? les voilà toutes réunies§ &
les provinces qui en dépendent, Réunifiez- vous
donc au flï, fi vous êtes de l’églifc catholique ; autrement
il pourra vous arriver ce que vous n’attendez
pas. Saint Maxime répondit : Dieu a déclaré ,
que l ’églife catholique étôit appuyée fur la confef- Uatth
fion de la fo i orthodoxe , en louant faint Pierre de
ce qu’il l ’avoit confefTée. Toutefois , dites-moi, pax
quelle confefllon s’eft faite l ’union de toutes les
églifes : fi elle eft bonne je ne m’en éloignerai pas.
O n lui dit : Quoique nous n’en ayons point d’ordre
, nous vous le dirons , pour vous ôter toute ex-
eufe. Nous reconnoiflons deux opérations à caufe
de là différence des natures , &c une à caufe de l'union.
Saint Maxime réprit : Dites-vous que les
deux opérations en foient devenues unepar l’union
ou qu’il y en a uñe autre outre ces deux ? -Non,
dirent-ils, ce font les deux qui n'en font qu’une.
A in fi, dit faint M a x im e , nous renverfons to u t , en
nous forgeant une foi qui n’a rien de fo lid e , & un
Dieu qui ne fubfifte point. Car fi nous confondons
les deux opérations en une à caufe de l’union,
& qu’enfuite nous la divifions en deux à caufe de
la différence : ce ne fera plus ni une ni deux opérations
, & celui en qui elles doivent être fera fans
opération, & par confequent fans exiftence. Je ne
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