
— — ■ i S H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
A n. j9Q. qui les gardoit dans fes regiftres. On produiilt en»
fuite un traité deChildebert 6c de Chilperic , peur
chafler Gontran, 6e partager entre-euxionroïaume..
Le roi Childebert nia d’en avoir eu connoiifance, 8c
dit à Gilles : c’eft ainfi que tu commettois mes oncles
j. pour exciter une guerre civile entre-euz. T a
es caufe de la ruine des provinces 8c de la mort d e
tant d’hommes, dont tu rendras compte au jug e ment
de Dieu. L’évêque ne put nier ce fait. Car la*
preuve étoit tirée d’un regiftre du roi Chilperic „
trouvé dans une de fes cadettes à Chelles , quand fes.
trefors furent apportez après fa mort au roi Childebert.
Epiphane abbé de fa intRemi de Reims parut
auifi, 8c dit que l ’évêque Gilles avoit reçu deux
mille fous d’or , 6c plufieurs autres prefens , pour
conferver l’amitié du roi Chilperic. Ceux qui l ’a-
voient accompagné à l’ambaifade vers Chilperic»
dépoferept qu’il lui avoit long-terns parlé feul , fans
qu’ils puifent entendre ce qu’il difoit. L’évêque nia
ces faits: mais l ’évêque Epiphane, qui avoit toujours
été de la confidence , nomma le lieu & l’homme
, par qui l’or avoit été apporté , 6c toutes les par-
t icularitez du traité contre Gontran.
L’évêque Gilles ainfi convaincu confeifa tout :
les évêques du concile ne purent voir fans gémir
leur confrere chargé de tant de crimes : 6c ils demandèrent
que le jugement fût différé de trois
jours, afin qu’il eût le tems de penfer à lui , 6c
de fe juftifier s’il.étoi t poifible. Le troifiéme jour
étant venu ils l’inviterent à propofer fes défenfes :
mais l.ui chargé de confui îon, leur dit : Ne diiferez
L i v r e T r e n t e - C i n q j j i e *m .e . 1 9
point de donner vôtre fentence contre un coupable.
Je me reconnois digne de mort pour le crime de
léfe-majefté :jai toûjours agi contre le fervice de ce
roi 6c de fa mere, 6c c’eft par mon confeil que font
arrivées ces guerres, qui ont caufé tant de ravages
dans les Gaules. Les évêques touchez de la honte de
leur frere, lui obtinrent la v i e , 8c aïant lû les canons
le dépoferent du facerdoce. Auf fi- tôt il fut
envoïé en exil à Straibourg ; 6c à fa place le prêtre
Romulfe fils du duc Loup, fut ordonné évêque de
Reims. On trouva beaucoup d’or 6c d’argent dans
le tréfor de l’évêque Gilles : on laifla ce qui venoit
des revenus de l’é g l i fe , 6c on mit au tréfor du r o i ,
c e qui Tjpnoit de fes crimes. L’abbé Epiphane fut
aulfi privé de fa charge.
En ce même concile de M e t s , Bafine proilernée
devant les évêques demanda pardon , promettant
de fe reconcilier avec fon abbeife, 6c de rentrer dans
le monaftere de fainte Croix de Poitiers , pour y
v iv re félon la regle.ÀiaisChrodielde.protefta qu’elle
n ’y rentreroit jamais , tant qu e l ’abbelfe Leuboüere
y demeureroit. Le roi Childebert pria qu’on leur
pardonnât : elles furent reçûës à la communion , 6c
renvoïées à Poitiers ; à condition que Bafine ren-
trèroit dans le monaf tere, 6c que Chrodielde demeureroit
dans une terre que le roi lui accorda. Ainf i
fut enfin terminé ce grand fcandale.
C ’eft le terns auquel faint Colomban s établit
en Gaule -, 6c il y fonda le fameux monaftere de
Luxeu cette mêfne année 590. Il étoit né en Irlande
vers l’an j£o. dans la province de Lagenie ou Leini-
C ij
A n. 590.
IX.
Commencement
de faint
Colomban.
Vita to. 2.