
43& H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
pieté, que de dire : C ’eft par une feule & même v o lonté,
que le même, avant l ’incarnation, a tout fait
de rien, le conferve & le gouverne : & qu’après l’incarnation
il a defiré de boire & de manger, de paifer
d’un lieu à un autre , & de faire toutes les autres
a étions innocentes, qui prouv oient la realité de Îo â
incarnation.
Pyrrus demanda : Jcfus-Chrift eft-il un, ouhon»
U n fans doute, répondit faint Maxime. Si donc il
e ft u n , ajoûta Pyrrus, il vouloit comme une feule
perfonn e, & par confequent il n’avoit qu’une vo lonté.
Saint Maxime répondit : Quand on avanc
e une propofition, fans en diftinguer les fen s, on
ne fait que confondre &c embroiiiller la queftion *.
ce qui eft indigne d’un homme inftruit. Dites-moi
donc: Jefus-Cnrift,qui eft un, eft-il feulement D ieu
ou feulement homme : ou Dieu & homme.tout en-
femble ? Aifurement , dit P y r ru s , il eft Dieu &
homme. Saint Maxime ajoûta : Etant donc par
nature Dieu & homme, vou lo it-il comme Dieu &
comme homme , ou feulement comme C h r ift ? s’il
vouloit comme Dieu & comme homme, il eft clair
qu’il vou lo it en deux maniérés, & non pas en uho
feule, quoiqu’il ne fût qu’un. Car fi Jcfus-Chrift
n’eft autre chofe que les natures dont il eft corné
pofé : il eft évident qu’il vouloit & qu’il operoit
conformément à fes natures, puifqu’aucune n’é-
toit fans volonté ou fans opération. Or fi Jcfus-
C h r ift vouloit & operoit conformément à fes natures;
comme elles font deux, il faut abfolument
qu’il ait auffi deux volon te z naturelles, & autant
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d’opérations eiTentielles. Car comme le nombre de
fes natures, bien entendu ne le diviife p oint ; ainfi
le nombre des volontez & des opcraftons,qui conviennent
effentiellement a fes natures , n’induit
point de d iv ifion : mais fait voir feulement
quelles fubfiftent en leur en tie r , même étant
unies.
Pyrrus dit : il eft impoffiblc , qu’il n’y ait au- m. uo
tant de : perfonnes qui v e u len t , que de volon te z
Saint Maxime dit : Vous avez mis cette abfurdité,
dans vos écrits, & l ’avez fait dire àHçraclius. Mais
fi l’on accorde, qu’ il y a autant de perfonnes qui
veulent que de volontez,réciproquement il y aura
autant de volon te z que de perfonnes. A in fi, félon
vous il n’y aura en Dieu qu’une perfonne, fuivant
Sabellius, puifqu il n’y a qu’une vo lon té : ou bien
puifqu’il y a trois perfonnes il y aura trois v o lo n tez
; & par confequent trois natures, fuivant Arius;
puifquc félon les réglés des peres -, la différence des
vo lon te z emporte auifi la différence des natures.
Pyrrus ajoûta : Il eft impoftîblc que deux .volontez
fubfiftent enfemble en une même perfonne , fans
contrariété. Saint Maxime répondit : Elles peuvent
donc y être avec contrariété : & nous fommes d'accord
fur le nombre des vo lon te z. Il refte a chercher
qu’elle eft lacaufe du combat. Diriez-vous que
c ’eft la vo lon té , ou le péché? Mais nous neconnoif-
, fons point d’autre auteur de la volonté naturelle ,
que Dieu r il fera d o n c , félon vous, l’auteur de ce
combat. Si vous dites que c’eft le péché: Jcfus-Chrift i.ret.
n’en a point fait. Il n ’a donc eu aucune contrariété