
j n H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
perdre pour avoir feul renverfé 8c perdu tout l ’Oc-
5 4 - cident. Il étoit de concert avec O lym p iu s , 8c en nemi
mortel de l’empereur 8c de le ta t. U n des témoins
dit aufli que le pape avoit conjuré avec
O lym p iu s , & pris le ferment des foldats. O n demanda
au pape , s’il étoit ainfi. Il répondit : Si
vous voulez entendre la vérité , je vous la dirai.
Quand le T y p e fu t fa it , & envoyé à Rome par
l’empereur Alors le prefet T ro ïle l’interrompit
, en criant : Ne nous parlez point ici de la fo i -,
il eft queftion du crime d’état. Nous fommes tous
Chrétiens & orthodoxes les Romains 8c nous. Plût
à Dieu , dit le pape ! toutefois au jour terrible du
ju g em en t, je rendrai témoignage contre vous fur
cet article même.
T ro ïle lui dit en colere : Quand vous vo y ie z le
malheureux Olympius former de tels projets contre
l’empereur, que ne l’empêchicz-vous, loin d’y
confentir ? Le pape répondit : Dites-moi, feigneur
T ro ïle , quand Geo rge, qui a vo it été m oin e, 8c depuis
magiftrat, vin t ici du camp, & fit ce que vous
fçavcz : où étiez-vous, 8c ceux qui font avec vous?
non feulement vous ne réfiftâtes point : mais il
vous harangua, 8c chaffa du palais qui il voulut.
Et quand Valentin fe revêtit de la pourpre, avec un
ordre de l’empereur, 8c s’aifit avec lui : où é tiez-
vous ? que ne l’empêchâtes vous? pourquoi au contraire,
prîtes-vous tous fon parti? Et moi, comment
pouvois-je réfiftcr à Olympius, qui avoit toutes les
forces d’Italie ? Eft-ce m o i, qui l’ai fait exarque ?
Mais je vous conjure, au nom de Dieu , faites au
L i v r e t r e n t e -n e u v i e ’m e .
plutôt ce que vous avez refolu de moi. Car Dieu ~
fçait que vous me procurez une grande récompenfe.
Je ne vois point qui étoit ce George, dont parle le ?•18-
pape : mais pour Valentin il fut le ch e f du parti
contraire à l ’impcratrice Martine. Le pape parloit
Latin, 8c ce qu’il difoit étoit expliqué en Grec, par
par le conful Innocent fils de T h om a s 1, qui étoit
d Afrique. Mais le facellaire ne pouvant ibuffrir
les reponfes du faint pape, dit en colere à'Innocent:
Pourquoi nous expliquez-vous ce qu’f l dit ? Puis il
demanda au fcribe Sagoleve, s’il y avoit encore dehors
d’autres témoins. Oiii, feigneur, d it le fcribe,
il y en a plufieurs. Mais ceux qui préfidoient à l ’af-
femblée dirent, que c’en étoit aifez.
Le facellaire fe leva, & entra au palais, pour faire . YIi:.
fon rapport à l ’empereur. O n fit fortir le pape de mStA *" “ ,
la chambre du confeil, toujours porté fur une cha i-'
fie, & o n le mit dans la co u r , qui étoit d evant, prés - '
de l’écurie de l ’empereur, où tout le peuple s’affem-
bloit, pour attendre l ’entrée du facellaire. Le pape
etoit environné des gardes, & c’étoit un fpectaclc
terrible. Peu de tems après on le fit apporter fur
une terrrile, afin que l’empereur pût le voir par
les jaloufies de fa chambre. On leva donc le pape
en Je foûtenant de deux côtez au milieu de la ter-,
raffe, en prefence de tout le fenat : 8c il s’amaffa
une grande foule autour de lui. Alors le facellaire
fortit de la chambre de l’empereur , 8c fendant la
preffe, vint dire au pape : Regardes comme Dieu
t a livre entre nos mains. T u faiiois des efforts
contre 1 empereur : avec quelle efperance ? T u as
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