
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
' ■ vous prie de m’envoyer avec vôtre foin ordinaire :
Î55. à caufe de mes grands befoms 8c de mes fréquentes
maladies.
'p'ft-7- Il écrivit encore une lettre au mois de Septemb
re , où il dit : Nous fommes non feulement fepa-
rez de tout le refte du monde , mais privez même
de la vie. Les habitans du païs font tous payens;
6c ceux qui y viennent d’ailleurs en prennent les
moeurs : n’ayant aucune charité, pas même la com-
paifion naturelle , qui fe trouve entre les barbares.
Il ne nous vient rien que de dehors, par les bar-
commem. p. 75. ques qui arrivent pour charger du f e l , & je n’ai
D' pû acheter autre chofe, qu’un boiifeau de bled pour
quatre fols d’or. J’admire le peu de fenfibihté de
tous’ ceux qui avoient autrefois quelque rapport
avec moi; 6c qui m’ont fi abfolument oublié, qu’ils
ne veulent pas feulement fçavoir fi je fuis encore au
monde. J’admire encore plus ceux qui appartiennent
à le g life de faint Pierre, du peu de foin qu’ils
ont d’un homme , qui efl; de leur corps. Si cette
çglife n’a point d’argent, elle ne manque pas, Dieu
merci, de bled, de v in 6c d’autres provifions ï pour
nous donner au moins quelque petit fecours. A v e c
quelle confidence paraîtrons - nous au tribunal
de J e fu s -C h r ift, nous qui fommes tous formez
de la même terre ? Quelle crainte a faifi tous les
hommes, pour les empêcher d’accomplir les com-
mandemens de Dieu ? Ai-je paru fi ennemi de toute
l ’é g lifc , & d’eux en particulier ? Je prie Dieu
toutefo is, par l’interceilion de faint Pierre , de les
conferver inébranlables dans la fo i orthodoxe,
principalement
E l V R E T R E N T E - N E U V I E ’m E. y a f
principalement le Pafteur, qui le gouverne à p r e - 8
fent : c’eft-à-dire le pape Eugene. Pour ce miftra- A n -
blc corp s, le Seigneur en aura foin. Il efl proche, Ev |
dequoi fuis-je en peine ? Car j’efpere en la. mife-
r ico rd e , qu il ne tardera pas à terminer ma car-;
riere.
Le pape faint Martin ne fut pas fruftré de fort
elperance ; car il mourut le jour de fainte Luphe- B'
mie , feizieme du même mois de Septembre in -
d id io n quatorzième, l’an 657. Il avoit tenu le faint An«p. m M*n.
fiege , a compter depuis fon ordination jufques à
fa mo r t , fîx ans , un mois 6c v in gt-fix jours. En
ùenx ordinations, au mois de Décembre,il fit onze
pretres & cinq diacres ; 6c d’ailleurs trente-trois
eveques. Il fut enterré dans une églife de la vierge,
a une ftade de la ville de Cherfone ; & il y eut depuis
un grand concours de peuple à fon tombeau.
L eghfe Greque l’honore comme confeffeur le qua- <■?</?. ang. n. -
torziéme jour d’A v r il ; & l ’églifc Latine , comme e.’ 7’ Mnc-h I?‘
m a r ty r , le douzième de Novembre. O n prétend M«rtlr.R. u.
que fes reliques ont été depuis rapportées à R om e , Nov'
dans le g life dédiée long-tems auparavant à faint
Martin de T ours
I l y eut vers le même tems deux conciles à T o - x
lede , que Io n compte pour le huitième & le neu-
v ieme. Le huitième fut tenu dans le g life des Apô- u.<.cnc }.w .
tie s , par 1 ordre du roi Recefuinte , la cinquième
annee de fon regne Ere 691. c’eft-à-dire , l’an 6^ .
Le roi etoit prefent, & il fit lire un écrit datte du
leiziemc de Décembre de la même année , contenant
fa profeinon de f o i , où il reçoit les quatre
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