
A n . 6$6 .
S f o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fencc de Dieu & de fes an g e s , que fi l ’empereur
m’ordonne quelque chofe que ee f o i t , touchant
les affaires de ce monde & ce qui doit périr avec
lu i , je l ’cxecute volontiers. Alors T ro ïle fe le v a ,
& dit : Priez pour m o i , je m’en vais : cet homme
ne veut rien faire, i l s’éleva un grand bruit & une
grande confufion; & l ’évêque T heod ofe dit : Dites-
lui la réponfe de l ’empereur, & vo y e z ce qu’il dira.
Ca r de s’en aller ainfi, fans avoir rien dit ni rien entendu
, il n’y a pas de raifon. Le patrice Epiphane
dit : V o ic i ce que vous mande l’empereur : Puifque
tout l ’O c c id en t, & tous ceux qui font pervertis en
O r ien t,o n t les yeux fur vous; je fouhaite que vous
communiquiez avec nous fuivant le T y p e ; & nous'
irons en perfonne i Calcé vous faluer, vous donner
la main , & vous amener dans la grande é g li-
fe , pour recevoir avec vous le'corps & le fang de
Jefus-Chrift, & vous déclarer nôtre pere. Car nous
fçavons certainement, que fi vous communiquez
avec le faint fiege de C . P. tous ceux qui s’en font
féparez fe réiiniront.
Alors faint Maxime fe tourna vers l ’évêque
T h e o d o fe , & lui dit avec larmes : Seigneur, nous
attendons tous le jour du jugement. Vous fçavez
ce dont on eft convenu fur les faints évangiles , la
fainte c ro ix , l’image de N . Seigneur & de fa fainte
mere. L evêque baiffant le v ifa g e , dit d’une voix
troublée : Et que puis-je faire , quand l ’empereur
c il d’un autre avis ? Saint Maxime reprit : Pourquoi
donc avez-vous touché les faints év an giles,
vous & ceux qui vous a ccomp agno ient, fi vous
L i v r e t u e n t e Î n . e u v i e ’ m ë ï j p
n’aviez pas le. pouvoir d’executer vos promeifes > “ “
AiTuremcnt toutes les puiffances du ciel ne me per-?
fuaderoiènt pas de faire ce que vous defirez.. Car ;
que répondrois-je, je né dis pas à D ieu , mais.à ma
confidence, fi j’abjure la f o i , pour une chofe aufli
vaine , que la gloire des hommes L A ces mots ils
fe levèrent tranfportez de fureur , & commence#
rent i le tirailler, lui arracher la barbe, lui donner
des coups de p o in g , & à le couvrir de crachats depuis
les pieds, jufques à la tête : enforte qu’on en
fentit Pinfeétion, jufques à.ce que fes habits cufFént
été lavez.
L ’évêque ;fe leva auffi, & dit : I f ne-falloir pas
en ufer ainfi il fa llo it écouter fa réponfe , & la
rapportera l’empereur.. Les affaires ecclefiailiques
ne fe traitent, pas de la forte., A peine put-ü les
arrêter & les; faire raifeoir : mais ils continuèrent à
•charger le faint abbé d’injures. & de malédictions
inoüics ; & Epiphane lui dit en,fureur : Dis, mife-
rable vieillard,.prétens-tu que nous foyons des hérétiques,
& la ville de C . P. & ,l’empereur ?. Nous
fomrncs meilleurs Chrétiens. & meilleurs C a th o liques
que- to i. Nous confeilons- que N . Seigneur a
une volonté divine & une volonté humaine : & que
toute nature in te llig en te , a la volonté &. l ’opération;
I Enfin nous/ne nions pas les deux v o lo n te z ,
&, les deux opérations, g
. .Saint Maxime répondit : Si vous croyez comme,
l ’églifei, pourquoi me ,voulez-vous contraindre i
recevoir leT yp e * , qui me-jtènd q u i ; détruire cette
créance ? O n l’a fait par condcfccndance, dit Epi