
__________ H I S T O I R E E C C L Ë S I AS T I Q J JE . ’
A v 61 Par^e r } l ’exhortant à renoncer à Jefus C h r i f t , an
i l moins en fecret, devant lui & deux autres témoins.
Le voïant inébranlable : il lui déclara l ’ordre du
roi , de le mener en Perfe chargé de fers ; le fit
mettre dans la prifon publique , pour partir dans
cinq jours avec deux autres Chrétiens. La fête de
l ’exaltation de la fainte C ro ix arriva dans ces jôurs-
l à , le quatorzième de Septembre 6 1 7 . & Anaftafe
avec fes deux compagnons, les deux moines de fon
monaftere, & quelques hommes pieux de la ville ,
celebrerent la veille dans la prifon, palTant la nuit en
prières. U n receveur des tributs, qui étoit Chrétien,
obtin t même du Gouverneur la liberté de tirer Anaftafe
hors de fes fe r s , pour le mener en leglife le jour
de la fête : ce qui donna une grande confolation à
tous les fideles. Ils encourageoient le martyr , bai-
foient fes chaînes, & luirendoient tous les honneurs
poifibles.
c' L e s cinq jours étant p a ife z , les prifonniers partirent
, & furent conduits par plufieurs Chrétiens de
Céfarée , tant des Perfes que d’autres nations.
U n des deux moines du monaftere d’Anaftafe
l'accompagna en ce v o y a g e , fuivatit l ’ordre de l ’abbé
, pour lui rendre tous les ferviccs p o ifib le s , &
rapporter une relation exaétede ce qui lui feroit arrivé.
Par tou toù le martyr p a lfo it, il étoit reçu avec
grande joy e & grand honneur : comme il l’écrivit
par deux fois à fon abbé. Etant arrivé en Perfe , i l
fu t mis en prifon à fix milles du lieu où demeuroit
le r o i , qui en étant averti envoya un de fes o fficiers
pour l ’examiner. Anaftafe répondit par inter-
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pre te , ne voulant plus parler la langue Perfienne :
confelTa librement Jefus C h r i f t , & refufa les offres
qu’on lui faifoit d’une grande fortune. Le roi
l’ayant appris, renvoya le lendemain le même officier
, qui fit étendre le martyr couché fur le dos ,
puis on lui mit fur les jambes une piece de bois ,
fur les bouts de laquelle montèrent deux hommes
robuftes. Après cetourment on le remiten prifon:
mais au bout de quelques jours le même officier rev
in t , & lui fit donner quantité de coups de bâton :
ce qu’il réitéra jufques à trois fois en divers jours.
Puis il le fit pendre par une main avec une groffe
pierre à un pied , & le laiffa ainfi pendant deux
heures.
C in q jours après le roi renvoya le m ême officier
pour faire mourir Anaftafe avec d’autres Chrétiens
Captifs. O n les tira de la ville , & on commença
par étrangler tous les autres , qui étoient environ
foixante & dix , & entre eux les deux qui avoient
été amenez de Cefarée avec faint Anaftafe. Enfuite
on lui demanda, s’il vouloit périr malheureufemenp
com me eu x , ou obéir au r o i , &c devenir un des plus
grands de fa cour. Le martyr regardant le ciel ,
rendit grâces à Dieu , de ce que fon défir étoit accompli
, & leur dit : J’efperois que vous me feriez
mettre en pièces pour l’amour de Jefus-Chrift : mais
fi c’eft-là cette m o r t , dont vous me menacez , je
remercie mon Dieu de me faire participera la gloire
de fes martyrs par une peine fi legere. O n l’étrangla
comme les autres, mais enfuite on lui coupa
la tête & on l ’envoya au roi ; c’étoit le v in g t