
■jio H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
" lui même, de la défendre jufqucs à la mort. Puis il
AN . 4. aj0£te . j c n’ai jamais envoyé aux Saraiïns, ni argent
, ni le ttre s , ni l’écrit que l’on di t , pour leur
marquer ce qu’ils doivent croire. J’ai feulement
donné quelque peu de chofe à des ferviteur de Dieu,
qui venoient chercher des aumônes : mais ce n’étoit
pas pour les Saraiîns. Quant à la glorieufe vierge
Marie mere de Dieu, ils ont porté faux témoignage
contre moi. Car je déclare anathême , & en ce
monde 8c en l’autre, quiconque ne l’honore pas au-
deifus de toutes les créatures, excepté fon fils Nôtre
Seigneur.
Dans l ’autre lettre,il raconte comme il fut enlevé
de Rome , 8c comme l’exarque Calliopas prefenta
un ordre de l’empereur, pour faire élire un autre
pape à fa place. Surquoi il dit : O n ne l’a encore
jamais fait ; 8c j’efpere , qu’on ne le fera jamais :
car en l ’abfence de l ’évêque, l’archidiacre, l’archi-
prêtre 8c le primicier tiennent fa place. A y an t raconté
ce qu’il a fouifert dans le voyage , il ajoute
à la\fin : Il y a quarante-fept jou rs , que je n’ai pû
obtenir de me laver ni d’eau chaude ni d’eau froide:
je fuis tout fondu 8c refroidi. Car le flux de ventre
ne m’a point donné de repos jufques à p re fen t, ni
fur mer , ni fur terre : j’ai le corps tout brifé i 8c
quand je veux prendre de la nourriture, jc manque
de celle qui me pourrait fortifier , & je fuis entièrement
dégoûté de celle que j’ai. Mais j’efpere en
D ie u , qui voit t o u t , que quand il m’aura tiré de
cette vie , il recherchera ceux qui me perfccutent,
pour les amener à penitencc.
tfiji. 15.
Sup. » . x .
Suf. îiv.
XXXiJI. ». 10.
“ L i v r e t r e n t e -n e u v i e ’m ë . yri
Le vendredy quinzième de Décembre 654. le ......■
pape faint Martin fut tiré de fa prifon dés le matin, N y f
8c amené dans la chambre de Bucoleon facellaire ; ins“r" '^ artin cii:
c’cft-à-dirc grand treforier : où dés la ve ille , on cemm.m.t-t*•
a voit donné ordre à tout le fenat de s’aifembler.
Saint Martin y fu t apporté dans une chaife : car la
navigation 8c la prifon avoient augmenté fes maladies.
Le facellaire le regardant de loin, lui commanda
de fe lever de la ch a ife ,& de fc tenir debout.
Quelques officiers reprefenterent, qu’il ne jiouvoit,
8c le facellaire cria en colerc , qu’on le foutint des
deux cotez ; ce qui fut fait.
Alors le facellaire lui parla ainfi : Dis miferable,
quel mal t’a fait l ’empereur ? T ’a -t-il ôté quelque
chofe ? T ’a-t-il opprimé par violence ? Le pape ne
répondit rien. Le facellaire lui dit d’un ton d’autorité
: T u ne répons pas ? tes accufateurs v o n t entrer.
A u ffi-tô t on les fit entrer au nombre de vingt,
la plûpart foldats & gens brutaux , quelques-uns
avoient été avec l’exarque Olympius, entre autres,
André fon fecrctaire. Le pape les voyant entrer,dit
en fouriant : Sont-ce là les témoins ? eft-cc là vôtre
procédure ? Puis,comme on les fit jurer fur les évangiles,
il dit aux magillrats : Je vous prie, au nom de
D ie u , ne les faites point jurer : qu’ils difent fans
ferment *ce qu’ils v o u d ro n t , 8c faites ce que vous
voudrez. Q u ’eft-il befoin qu’ils perdent ainfi leurs
ames ?
Le premier de fes accufateurs, fut Dorothée pa-
trice de C i l ic ic , qui dit avec fe rm ent, parlant du
pape : S’il avoit cinquante têtes il mériterait de les