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d’Af t ig i leur préfenterent un état des efclaves de ïa
même églife; que Gaudence fon prédeceffeur avoit
affranchis ou donnez à fes parens. Ils confulterent
les canons, 5c trouvèrent que les donations ou aliénations
des biens de i'églife faites par l’évêque ,,
etoient nulles , à moins qu’il n’eût donné fes biens
propres à I’églife :car alorson faifoit compenfation.
ils décidèrent donc , que hors ce ças les aliénations
& les affranchiffemens faits par Gaudence, ne dévoient
point fubfifter. Toutefois par un fentiment
d’humanité ils ordonnèrent, que les ferfs ainfi affranchis
, demeureroient l ibres, mais fujets de l’é -
glife i & qu’ils ne pourroient laifferleur pécule qii’â
leurs enfans, qui demeureroient à perpétuité fujets
de I’églife comme eux, 8c aux mêmes conditions..
Ils déclarèrent que cette décifion auroit lieu dans-,
toute la province Betique. ils ordonnèrent' encore,
en exécution du concile de Tolede : que fi les prêtres
8c ies autres c le r c s , étant avertis par leur é v ê que,
n’éloignoient pas d’avec eux les femmes étrangères,
les juges avec lapermiffion des évêques, s’at-
tribuëroient ces mêmes femmes comme efclaves ,
avec ferment de ne les pointrendre auxclercs.
S. Leandre aïant appris l’ éleétion du pape S.Gre-
goire lui éc r ivi t , lui marquant la folide converfion
ôc la pieté du roi Recarede. Il Le confultoit en même
tems fur les trois immerfions du baptême, dont les
Ariens abufoient : pour fçavoir fi on devoit les continuer
,puifque les coutumes de I’églife étoientdiver-
fes , fans préjudice de la foi. Déplus il lui demandoit
plufieurs livres, 5c entr’autrcs fes expofitions furjob.
L i v r e T r i n t e - C inqju i e’m e : 17
Saint Grégoire ne put répondre à la lettre de
faine Leandre que long - tems après au mois de
Mai de l’année fuivante 591. 5c il le fit en ces
termes : Je defirerois de tout mon coeur répondre
à vos lettres : mais je fuis tellement accablé
des foins de l’épifcopat , que j ’ai plus envie de pleurer
que de parler. Vous le verrez par la négligence
avec laquelle je vous é c r i s , à vous que j ’aime fi
ardemment. Je fuis chargé de la conduite d’un
vieux bâtiment fi ufé 5c fi battu de la temp ê te ,
que je ne puis le conduite au port. ?ll écrivoit de
même l’année précédente à Jean de C P . lui demandant
le fecours de fes prières. Et vous pouvez
d ’autant mieux prier, ajoûtoit-il, que vous êtes plus
é lo ig n é des affliétions que'fouffre ce païs. Ces paroles
font voir que par ce vaiffeau f i caffé Sc fi maltraité
des flots, il n’entend pas I’é g l i fe , mais la ville
de Rome demi ruinée , 8c continuellement inquiétée
par les Lombards. Car il ne pouvoit fe difpen-
fer de prendre foin de fon repos m ême temporel, &
de fes affaires publiques, comme la fuite le fera voir.
Il continue de parler ainfi à faint Leandre: Je ne
puis exprimer la joïe que je fens de voir le roi Re carede
fi parfaitement converti à la foi catholique.
La defeription que vous faites de fes moeurs, m’o blige
à l’aimer fans le connoître. C ’eft pourquoi
vous devez veiller plus fbigneufement fur lu i , afin
■qu’il ne s’élève point de fes bonnes oeu v r e s , 5c que
la pureté de fa vie réponde a celle de fa foi. Quant
aux trois immerfions du baptême , nous les pratiquons
pour exprimer les trois jours de la fépulture,
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A n . j p 1 .
X I I .
Lettre X faint
Leandre.
I. Epift» 14.
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