
3 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
xiKef.-jo. Q n voie un détail femblable dans une autre
lettre que faint Grégoire écrivit au même Pierre
deux ans après en 593. lorfqu’il étoit prêt de revenir
à Rome Appor te z , lui dit-il, entr’autreschoies
, les paiemens de la neuvième 8c de la dixième
indièt ion, 8c tous les comptes. Ces deux indiétions
marquent les années 591. 8c 591. Il lui donne pouvoir
de lailTer à fa p la c e , dans les differens patrimoines
, ceux qu’il jugera à propos. C ’étoit des dé-
feiifeurs, que le redxur emploïoit pour le ioulager.
il lui recommande de faire aux officiers des lieux ,
les gratifications ordinaires: mais que ce fo i t , dit-il,
par les mains de ceux que vous laiiïcz à vôtre place r
afin de leur concilier les bonnes grâces des officiers.
Et enfuite ; Si vous trouvez des laïques craignant
Dieu , qui doivent être tonfurez , pour fervir d’agents
fous le reôleur du patr imoine, je le trouve
très bon. Ainf i l ’on voi t qu’on ne'fe fervoit que de
clercs, pour toute cette adminiilration : mais c’étoit
des clercs du moindre rang , dont le ch e f n’étoit
qu’un foûdiacre. Saint Grégoire ajoute vers la fin r
Vous m’avez envoïé un mauvais cheval & cinq
bons ânes. Je ne puis monter le ch e v a l , parce qu’iî
eft mauvais, ni les ânes, parce que ce font des ânes,
il vous voulez aider à nôtre entretien, envoïez-
nous des chofes qui nous conviennent. Ces paroles
font juger que l’écurie de faint Grégoire n’étoit
pas magnifique,
x v i . " " il n’avoit pas moins de foin du bon emploi de
Liberalitez de . 1 . , - , t
jàmt Grégoire, ces grands revenus, que de leur conlervation. Comu
ÎcTm.““"1' me il aimoit à imiter en tout le pape faint Gelafe,
L i v r e T r è n t e - C i n q u i e ’me. 37
il fuivit l’état qu’il avoit dreffé des patrimoines de
l ’églife , 8c en cftima les revenus en argent ; dont il
faifoit des diftributions à tout le c le r g é , aux officiers
de fa mai fon, aux monafteres, aux églifes, aux
cimetieres, aux diaconies, aux hôpitaux de Rome
8c du voifinage. il avoit réglé ce que l’on devoir
donner à chacun quatre fois l’année : à Pâque , à la
faint Pierre , à la iaint André 8c au jour de fon ordination
; 8c cet ordre de diftribution s’obfervoit
encore du tems de Jean, diacre, trois cens ans après.
On gardoit au palais de Latran un gros volume ,
contenant les noms de tous les pauvres que faint
Grégoire avoit coutume d’affifter, leur âge , leur
condition ; tant à Rome qu’aux environs, 8c même
dans les provinces éloignées. De p lu s , le jour de
Pâque au matin , il étoit affis dans l’églife du
pape Vigile , près laquelle il demeurait d’ordinaire
; 8c donnant le baifer de paix aux é v êqu e s , aux
prêtres, aux diacres , 8c aux autres perfonnes confti-
tuées en dignité , il leur diftribuoit des pièces d’or.
Tous les premiers jours des mo i s , il diftribuoit aux
pauvres en efpeces, félon la faifon, du bled, du v in ,
du fromage , des legumes, du la rd , de la chair, du
poiffon , de l’huile; 8c aux perfonnes principales ,
des l iqueur s , ou d’autres rafraichilfemens. Tous les
jours il faifoit diftribuer dans chaque rue , aux malades
8c aux inv al ide s , certaine aumône par des officiers
établis exprès ; 8c avant que de man g e r , il
envoïoit de fa table des portions à des pauvres
honteux. Un pauvre aïant été trouvé mort dans
un coin de rue écar tée, on dit qu’il s’abftint de