
¿2. H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
de cette lettre, & de l ’execution des ordres qu’ elle
conteno i t , le foûdiacre Antonin , qu’il envoïoic
pour adminiilrer le patrimoine de l’églife Romaine
en Dalmatie, Il le chargea auffi de deux autres lettres
: une aux évêques de la p ro v in c e , pour leur
donner part de cette affaire ; l’autre au prefet Jobin,
pour lui recommander Antonin , &c le prier de ne
point donner à Natalis de protection contre la
jufticc.
Natalis fe rendit enfin : il fe fournit aux ordres
du pape ; ôç corrigea fes moeurs : toutefois il lui
écrivit une lettre où il prétendoit fe juftifier : alléguant
pour autorifer fes fef t ins , plufieurs paffages
de l’écriture mal appliquez ; entre-autres celui-ci f
Que celui qui ne mange point , ne juge pas celui
qui mange, Ce pafl'age, dit faint Grégoire , ne convient
point du tout. Car il n’eil pas vrai que je ne
mange point ; & faint Paul ne parle ainfi, que pour
ceux qui jugent les autres , dont ils ne font point
chargez. Vous fouffrez avec peine , que je vous aïe
repris de vos grands repas ; & m o i , qui fuis au-deifus
de vous par ma place, quoique non par mes moeurs,
je fuis prêt à recevoir la correétion de tout le monde.
Et je ne compte pour amis , que ceux dont les
difeours me font effacer les taches de mon ame ,
avant la venue du juge terrible. Il remet à l’arrivée
de fes députe z , à juger fon différent avec Honorât,
Mais Natalis mourut environ fix mois après.
Au mois d’Octobre de la même année 591. in-
diétion onzième , faint Grégoire rétablit Adrien
évêque de T h e b e s , injuftement dépofé, Il avpjf
L i v r e T r e n t e - C i n q u i e ’m e . ' ê j _________
lui-même dépofé deux diacres de fon églife nom- A n . 592..
mez Jean & Cofine : l’un pour un péché d’impureté
, l’autre pour n’avoir pas adminiflré fidellemenc
les biens de l’églife. L’un & l’autre le pourfuivirent
devant l’empereur, pour des caufesciviles & criminelles.
L’empereur fuivant les canons , renvoïa
Adrien devant Jean évêque de LarifTe fon métropolitain
: pour juger définitivement le c i vi l , Sc informer
du c r ime , puis en faire ion rapport à l ’empereur.
Le premier crime dont les diacres Jean &
Cofme accuferent leur é v êqu e , fut de n’avoir pas
dépofé Etienne diacre de la même églife de T h e bes
, quoiqu il connut fa vie infâme, ils prouvèrent
bien la mauvaife vie d’Eflienne : mais non que I’é-
vêque Adrien en eût eu connoiiTance. Le fécond
ch e f d’accufation étoit d’avoir empêché de bapti-
fer des enfans qui étoient morts fans baptême.
Mais les témoins produits fur ce fai t , ne difoienc
point que 1eveque Adrien l’eût fçû ; & ne parloient
que fur le rapport desmeres, dont les maris avoient
été excommuniez pour leurs crimes. D ’ailleurs il
ctoit conf iant , que les enfans avoient etc baptifez
a Demetriade. Jean archevêque de Lariffe , ne laiffa
pas de condamner Adrien de Thebes , tant fur le
criminel que fur le civil,
Adrien appella de cette fentence à l ’empereur r
mais nonobflant fon appel, Jean de LariiTe le fit
mettre dans une étroite prifon : où il le contraignit
de lui donner un libelle, par lequel il acquiefçoit à
fa fentence, tant pour le c r imine l , que pour le civil,
Toutefois il n ’avoüoit ces crimes prétendus *