
A n. tfio.
VI.
Second exilde
S. Colomban.
J o a n .v i t a . c . j 5 .
Sttp. l iv , x x x v .
«.
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
vant être juge en fa caufe. Le roi Gondemar donna
ion decrec en confirmation de celui du concile:
où il déclare que la Carpetanie, dont Tévêque de
Tolede pafloit autrefois pour métropolitain , n’eft
point une province particulière , mais feulement
une partie de la province Carthaginoife. Ce decrec
eft fouferit du roi 8c d e v in g t - f ix évêques, dont le
premier eft faint ifidorede Seville : enfuite font les
archevêques d eMe r ida , de Tarragone & de Nar-
bone. La raifon de cette conftitution , faveur de
l ’évêque de T o le d e , eft que cette ville étoit la
réfidence des rois Gots.
En France faint Colomban étant revenu de Be-
fançoa , ne demeura pas long-tems en repos. Le
roi Theodoric envoya plufieurs fois de fes g e n s ,
pour l’obliger à iortir de fon monaftere de Luxeu ,
8c retourner en fon païs. Le faint abbé avoit réiôlu
de ne point obéir , & de fe faire plutôt tirer de force
du lieu où il étoit venu par la volonté de Dieu :
toutefois voyant que fa réfiftance mettoit les autres
en p é r i l , il iorrit volontairement , la v ingt ième année
de fonfe jourencedé fe r t , c’eft-à-dire la même
année 610. Ses freres l’accompagnoient en pleurant,
comme s’ils euftent marché à fes funérailles ; encore
les gardes que le roi lui avoit donnez , ne permirent
ils pas à tous de le iuivre : mais feulement à
ceux qu’il avoit amenez d’Irlanxle ou de Bretagne ;
& firent demeurer tous ceux qui étoient nez dans
les Gaules. Le faint homme les recommanda à Dieu,
&c fentit cette feparation , comme fi on lui eut arraché
les membres. Le principal de ces chers difciples
é toi t
L i v r e T r e n t e - S e p t ï e ’m e 7 é f | | -
croit Euftafe, qui fut depuis abbé de Luxeu, & donc An. Ci <?7
Mietius évêque de Langres ion oncle , prit un foin
particulier. *
On menoic faint Colomban à Nantes,, pour s’ embarquer.
Etant à Auxerre , il'dit à Ragamond , que
Je roi Theodoric avoit chargé de fa conduite:
Souvenez-vous .que C lo ta i r e , que vous méprifez
maintenant, fera dans trois ans votre maître. Sur
cette route il fit plufieurs miracles ; Sc é tant arrivé
à Ne ver s, on l’embarqua fur la Loire. A Orléans ,
fes gardes ne lui permirent pas d’entrer dans la ville
pour vifiter les églifes, 8c il campa fur l e rivage. On
refufa même des vivres à fes difciples dans la ville,
tant on craignoit les ordres du roi. Mais une femme
Syrienne en eut p i t ié , les mena chez e l le , 6c leur
donna ce dont ils avoient befoin. En récompenfe ,
ils amenèrent fon mari aveugle depuis plufieurs années
à faint Co lomban, qui le guérit. A Tours le
faint homme n’ayant pû obtenir la permiflîon de
defçendre pour vifiter le fepulcre de faint Ma r t in ,
le batteau s’arrêta devant le p o r t , & il fatisfit à fa dévot
ion en paflant la nuit en prières près des reliques
du Saint. Le lendemain Tévêque de Tours Leopa-
r iu s , l ’ayant prié'à dîner ,-il s’y trouva un feigneur
allié du roi T h e o d o r ic , à qui faint Colomban déclara
, que dans trois ans ce roi 8c fes^ enfans péri-
roient, 8c toute fa race feroit éteinte.
Etant arrivé à N a n te s , il y fit quelque féjour ; 8c Epif. f c
ce fut apparemment d e l à , qu’il écrivit à fes moi- pp- £"î*
nés de Luxeu une let tre, pleine de prudence &: de
charité. Il les exhorte à la patience en cette perfecu-
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