
autrement il faudroit marcher dans le torrent de la corruption gê-
neraie. 11 en eft de meme des étuderr& fans reformer le public*
chacun peut fuivre la mernode qui lui paroît la meilleure.
Mais ii nous voulons fonder le fonds de notre cceur : nous
craignons 1 antiquité , parce quelle nous propofe une perfeâion,
que nous ne voulons pas imiter. Nous difons qu’elle n'eft pas
pratiquable, parce que fi elle l’étoit, nous aurions tort d’en être
ii éloignez : nous détournons les yeux des maximes 8c des exemples
des faints,-parce que c’eft un reproche continuel à nôtre lâcheté.
Mais q u y gagnerons-nous?ces veritez 8c ces exemples ne
feront pas moins , foit que nous y peniions ou non , 8c il ne
nous fervira de rien de les ignorer, puis qu’étant ii bien avertis,
nôtre ignorance ne peut être qu’affe&ée. Au contraire , fi nous
avons le courage de regarder cette fainte antiquité, 8c de la pre-
fenter aux autres de tous les côtez, & de toutes les maniérés poffi-
bles |pl faut efperer, qu’à la fin nous aurons honte d’en demeurer
ii éloignez; 8c qu avec le fecours de la grâce nous ferons quelque
effort, afin de nous en raprocher.L’experience dupafle doit nous
encourager. Combien ladiieipline de l ’églife s’eft-elle relevée depuis
un iiecle, par les reglemensdu:concile de Tren te , les travaux
de iaint Charles, linftitution des Séminaires , tant de reformes
dans les ordres religieux/* D où font venus tous ces biens, finon
de 1 étude de 1 antiquité ; 8c que ne pouvons-nous point efperer, 0
nous fuivons ces grands exemples ?
Mais afin que cette étude ne foit pas infinie,& par confequent
inutile, il y faut du choix 8c de l’ordre. Il faut confulter ceux
qui ont le mieux lû l ’antiquité ecclefiaftique : pour en prendre
ce qui nous convient, fuivant la portée de nôtre efprit 8c la ne—
ceiïité de nos emplois, fil faut que cette étude foit ferieufe &
chrétienne. Gardons-nous de la curiofité & de la vanité. De vouloir
montrer que nous avons beaucoup lu , que nous avons dé—*
couvert le fens d’un paflfage, ou déterré quelque antiquité. Ne cherchons
dans les peres ni les penfées brillantes, ni les paroles pom-
peuies, ni ces beaux paiïages, dont il y a quelques tems , on o r -
donnoit les harangues & les plaidoyers. Cherchons-y le vrai fens
de 1 écriture, les preuves folides des dogmes, les réglésfûresde la
difcipline des moeurs. Cherchons-y la méthode de convertir les
infidèles, & de combattre les heretiques : l’art de conduire les
ames, les voyes intérieures, la vraye pieté. E t tout cela non pour
en. difeourir, mais pour le réduire en pratique.
Etudions fur tout leur prudence 8c leur diferetion : pour nous
accommoder à letat prefent des chofes, & ne pas rendre odieu-
fes leurs faintes maximes, en les repouffant trop loin , ouïes appliquant
mal-à-propos. Evitons l ’impatience & l ’empreiremcnt. Pouf
bien rétablir l’antiquité, il faudroit la ramener toute entière :une
partie fans l ’autre, n’aura point de proportion avec le refte, &
fera déplacée. Attachons-nous d’abordau plus eiïentiel î à nous
réformer nous-mêmes, par une grande application à la prière ,au
règlement de nôtre intérieur 8c de nos moeurs. Enfuite faifons
part aux autres des veritez que Dieu nous aura fait connoître',
fans contention, fans aigreur, fans reproches» Pratiquons les pre-r.
miers, ce que nous croyons le meilleur, & qui dépend de nous..
Revenons à la priere, 8 c attendons avec patience qu’il plaife à
Dieu d’avancer ion oeuvre. Ce font les meilleurs moyens, de rendre
utile la connoiljance de-rhiftoife-ecdefiaftique.