
12.8 H i s t o i r e E c c t e s i a s t i q u e :
velle : fçavoir la promeflc certaine d’une joye éterne
l le , & d’un regne fans fin, avec le Dieu vivant
&c véritable. Le roi ordonna, que les Romains demeura
ient dans l’ifle où ils étoient , jufques à ce
qu’il vît ce qu’il devoir faire pour eux ; & qu’on leur
donnât' ce qui leur était neceifaire. Car ¿1 avoit
déjà oui parler de la religion Chrétienne à la reine
fon époufe. Quelque tems après i l vin t à l’ifle de Ta -
n e t , ôc manda Auguftin avec fes compagnons: mais
i l voulut les recevoir au grand air. C a r une ancienne
prédiétion lui faifoit craindre, que s’il les écou-
toit dans une maifon, ils ne leiurpriiTent par quelque
opération magique. Us arrivèrent en proceiîion,
portant une croix d’argent &c l ’image du Sauveur en
un tableau ; 8c,chantant les litanies , pour demander
à Dieu leurfalur & celui du peuple, pour lequel ils
étoient venus.
Le roi les fit affeoir , & ils commencèrent à lui
annoncer l ’évangile , ôc à tous les afliitans. Il répondit
: Voilà de beaux difcours Se de belles pro-
meifes : mais comme elles font nouvelles ôc incertaines
, je ne puis y confontir , 8e bi f fer ce que j ’ai
obfervé depuis fi long-tems , avec toute la nation
des Anglois. Toutefois parce que vous êtes venus
de loin , Se. qu’il me femble avoir reconnu, que
vous defirez nous faire part de ce que vous c roy e z
le plus vrai ôc le meilleur : loin de vous maltraiter ,
je veux bien vous re c e v o i r , Se vous faire donner ce
qui fera neceifaire pour vôtre fubfiftance : ôc je ne
vous empêche pas d’attirer à vôtre religion , tous
ceux que vous pourrez perfuader. il leur donna
donc
L i v r e T r e n t e - S i x i e ’m b : ¿j . « § * -— —
doncun logement dans la ville d eDo ro v e rnè , qui A n . 597
ctoit fa capitale : depuis nommée par cette raifon ,
Cantorberi. Ils y entrèrent en proceiîion , fuivant
leur coutume, ôc chantoient : Nous vous prions ,
Seigneur, par vôtre mifericorde, de délivrer cette
ville & cette maifon de vôtre colere. Car nous ayons
péché. Alléluia.
Etant établis en leur nouvelle demeure, ils com-
mencerent à imiter la vie des apôtres , ôc de la primi
t ive églife : s’appliquant continuellement a la
priere, aux veilles 8c auxjeûnes, Si méprifant tous
les biens de ce monde. Ils pratiquoient tout ce
qu’ils enfeignoient, ne prenant de ceux qu’ils inftrui-
io ie n t , que les chofes neceiTaires à la v i e , ôc diipo-
fez à tout fouffrir, même la mort , pour la vérité
qu’ils annonçoient. Près de la ville , a l’o rient, étoit
une églife bâtie à l’honneur de faint Martin , du
tems que les Romains habitoient la grande Bretagne,
La reine y faifoit fes prières ; ôc les millionnaires
s’y affembloient aulfi dans ces commence-
mens , pour chanter les pleaurnes, prier, celebrerla
meiTe, prêcher ôc baptifer. Car plufieurs Anglois
embralferent la foi : touchez dç la v ie fimple ôc innocente
des miflïonnaires, & de la douceur de leur
do&rine. Le roi lui- même ravi de la pureté de
leur v i e , & de labeautp de leurs promelfes, confirmées
par plufieurs miracles, crut ôc fut baptifé : .
après quoi le nombre de ceux qui yenoient aux
inftruélions, s’accrut de jour en jour ; ôc les conver-
fions furent fréquentes. Le roi en avoit une grande
joïe : mais il ne contraignent perfonne ; il fe con-
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