
1 7 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s T î q ü ê .
l’égard de nos freres 5 Un jour comme il fortoit de
la ville, pour aller à une églife des martyrs, une femme
fe proflerna devant lu i , demandant juftice de
ion gendre. Ceux qui accompagnoient le faint pa-
triache lui confeilloient d’attendre au retour. Mais
il répondit : Et comme Dieu recevra - t - i l nôtre
priere , fi jetemets à écouter cette femme ? Qui m’a
promis que je ferai demain en vie ? Et il l’expedia fur
le champ. Une autrefois ayant attendu jufques à la
cinquième heure, c’eft-à-direonze heures du matin,
fans que perfonne fe prefentât à fon audience , il fe
retira verfant des larmes. Saint Sophrone lui en demanda
tout bas la caufe. C ’e f t , d i t - i l , que je n’ai rien
aujourd’hui à offrir à Jefus-Chrift pour mes pechez.
Au contraire, dit Sophrone, vous devez vous réjouir
d’avoir fi bien pacifié vôtre troupeau , qu’ils v i -
yent enfemblefans différend, comme des anges.
Il étudioit continuellement l’écriture , non pour
l ’oftentation , mais pour la pratique ; 8c dans fes
converfations particulières , il n’y avoir point de
difcours inutiles. Mais ou l’on parloir d’affaires ne-
ceffaires, ou l’on racontoit quelques hifïoires des
f i in t s , ou l’on traittoit quelque paffage de l’écriture
, ou quelque dogme, à caufe de la multitude
d’heretiques, dont le païs étoit infeôté ; fi quelqu’un
médifoit d’un autre, le faint patriarche détournoit
adroitement le difcours : s’il cont inuo i t , il ne lui
difoit rien , mais défendoit à l’officier de femaine
de le laifler entrer une autre fois. Les hiftoires qu’il
aimoit le plus, étoient les exemples de charité envers
les pauvres.
L i v r e T r e n t e - S e p t i e ’m e ; s.75
Enfin fes plus confidens étoient deux moines de *•
grand mér ité, Jean Mofch 8c Sophrone. il. les ref-
peôloit comme fes peres, 8c leur obéïfToit fans re-
ferve. Comme ils étoient fçavans, il s’en fervoit utilement
, pour combattre les Severiens 8c les autres
heretiques ; 8c ils y travaillèrent avec tant de frui t ,
qu’ils retirèrent de l’herefiegrand nombrede bour- c.it. «.s3.
gades , d’églifes 8c de monafteres. Le faint patriarche
recommandoit foignéufement à fon peuple , de »
ne communiquer jamais avec les heretiques : quand
meme ils fe trouveraient privez toute leur v ie de la
communion Catholique; c’efl-à-dire de la liberté
d ’exercices dans les lieux où les heretiques étoient
les maîtres- C ’elf , difoi t -i l , comme un mari long- ».7*
tems abfent de fa femme , à qui il n’eft pas permis
pour cela d’en époufer un autre.
Un jour voyant que plufieurs fôrtoient de l ’égli-
fe après la leôture de l ’é v an g i le , il fortit auffi, 8c
s’affit au milieu d’eux. Comme ils en furent furpris,
il leur dit : Mes enfans, où font les ouailles, là
doit être le pafteur. C ’efl: pour vous que je defeens
a l’églife; car je pourrais dire la meffe pour moi
dans l’évêché. En ayant ainfi ufé deux fois, il. les
corrigea.*Si quelqu’un parloir dans l’é g l i fe , il lè "•8o'
chaffioit devant tout le monde , en difant : Si vous
etes venu pour prier, vacquez à la priere, finon fça-
chez qu’il eft écrit : Ma maifon eft la maifon d’o- m»u. m. i j .
raifon. Il eft parlé encore, en deux autres occafions,
de 1 oratoire domeftiquê du faint patriarche, 8c il
parait meme, qu’il y célébrait quelquefois la meffe
avec un feul miniftre , en prefence d’un feul laï-
M m ij