
1 6 i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
1 g g y j f : & leur offroit des facrifices, diiànt que
c’étoît les anciens dieux tutelaires de ce lieu. Saine
Colomban ordonna à faint Gai qui fçavoit la langue
du pais, d'exhorter le peuple à quitter l ’idolâtrie
pour adorer le vrai Dieu. Le jour de la fête de cette
ég l i fe étant v e n u , il y eut un grand concours de
peuple , non feulement pour la fête , mais par cu-
r io f i té , pour voir ces étrangers. Alors faint Gai
commença a leur prêcher la f o i , 5c les exhorter à ie
.convertir. Puis prenant les idoles devant tout le
monde , il les mit en pièces à’ coup de pierres, ôc
les jetta dans le lac. Quelques-uns fe convertirent,
■d’autres fe retirèrent en colere. Saint Colomban fie
apporter de 1 eau , qu il b én i t , en afpergea l’Lgl i-
fe , & tournant autour avec les f iens ,en chantant
des pfeaumes, il en fit la dédicacé: Puis ayant in voqué
le nom de Dieu, il fit les fondions fur.l’autel,
y mit les reliques de fainte Aurelie; le revêtit Sc y
célébra la meiTe.; ce qui étant fa i t , le peuple s’en
retourna avec grande joye.
Saint Colomban demeura à Bregents environ
trois ans; il y bâtit un petit monaftere où fes dif-
ciples travailloient les uns au jardin potager, d’autres
a cultiver des arbres fruitiers, d’àutres â pêcher
; ôc lui-même faifoit des filets. Saint C o lomban
eut en penfée d’aller prêcher la foi aux
Venedes ou Sclaves, qui étoient dans le voifinage;
mais un ange lui apparut, Sc l ’avertit qu’il n’y fe-
roit aucun progrès : c ’eft pourquoi il demeura en
repos, jufques â ce qu’il pût entrer en Italie.
Cependant la mefintelligence recommença entre
L i v r e T r e n t e - S é p t i e ’m e . •
les deux freres Theodor ic 5c Theodebert; Si faint Au. é i i j
Colomban alla trouver ce dernier ôc lui confeilla
de fe faire clerc , ou plutôt moine,de peur de perdre
la vie éternelle avec fon royaume. La propor tion
parut ridicule au roi 5c à tous les aiîmans : ôc
ils dirent , que jamais ils n’avoient oüi parler ,
qu’un roi Merouvigien eût été clerc volontairement.
Il femble qu’ils ne connoiifent pas S. Cloud.
Si vous ne le faites de gré, dit faint Colomban, vous * xxxu;
le ferez bien-tôt de force: ôc il s’en retourna à fon
monaflere. En effet Theodoric fit la guerre à Théo- Mig. t.m
debert la dix-feptiéme année de leur regne, c’eft-à»
dire l’an 6 11. 5c le battit deux fois. Pendant la fécondé
bataille,, qui fe donna à To lb ia c , faint C o lomban
étoit dans fa folitude, qui lifoitaffis fur un
vieux tronc de chêne. ll s’endormit ; puis étant éveillé
, il appella le moine Chagnoald, qui le fervoit;
5c lui dit en foûpirant, que les deux rois étoient aux
ma in s , 5c qu’il y avoit bien du fang répandu. Mon
p e r e , dit Ch a gn o a ld , aidez Theodebert de vos
pr ières, afin qu’il défaife notre commun ennemi
Theodor ic. Saint Colomban lui dit : Vous me donnez
un mauvais confeil ; ce n’eft pas ce que veut N ô tre
Seigneur , qui nous a commandé de prier pour
nos ennemis : le juffcc juge eft le maître de faire .de
ces princes ce qui lui plaira.- Theodor ic après fa
viôtoire pourfuivit Theodebert ; 5c l’ayant pris par
la trahifon des f iens , l ’envoya à Brunehaur leur
ayeule; qui étant du parti de T heod or ic , fit entrer
Theodebert dans le clergé ; 5c peu de jours après
le fit mourir..