
i8 o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
foie. C ’eft p o u rq u o i, je m éprifo is ces d ife o u r s , Je
re cev o is fam iliè rem en t ces perfonnes , ôc m'applic
q u o is à les défend re contre les perfecuteurs.
On difoit qu'ils rompoienc les mariages fous
prétexte de religion : qu ils foutenoient que ls
baptême n’ôtoit pas entièrement les pechez ; &c
que fi quelqu’un faifoit pénicencependant trois ans,
il pouvoit enfuite s’abandonner au péché. Enfin ,
que fi on les contraignoit d’anathématifer quelqu'une
de ces erreurs : ils prétendoient , que cet
anathême ne les obligeoit point. S’il y a des gens
dans ces fentimens, il eft certain qu’ils ne font pas
Chrétiens. Je les anathémat ife, moi ôc tous évêques
Catholiques , 6c toute l ’églife. Enfuite faint
Grégoire réfuté folidement ces erreurs par l’écriture
j 5c répété qu’il n’a trouvé perfonne, qui les fou-
t înt à C .P . Je ne croi pas même , ajoûte-t-il , qu’il
y en eût ¡ car je lesaurois reconnus. Mais plufieurs
fideles font échauffez d’un zele indiferet ; 6c fou-
vent font des herefies, en pourfuivant de prétendus
heretiques. C ’eft pourquoi il faut avoir égard
à leur foiblelTe, Ôc les appaifer par raifon 6c par
douceur.
Saint Grégoire écrivit en 597. à Gregoria , une
des dames de la chambre de l’imperatrice -, 6c lui dit
entre autres choies : Vo u s d i tes , que vous ne ceffe-
rez point de m’importuner, jufques à ce que je vous
é c r iv e , qu’il m’a été révélé , que vôs pechez vous
font remis : vous me demandez une chofe difficile
6c inutile. Difficile, parce que je fuis indigne d’avoir
des révélations : inu t i le , parce que vous ne
L x v Re T r e n t e -Si x i e ’m e: igj
devez point être fans inquiétude de vos pechez, jufques
à la fin de vôtre v i e , où vous ne pourrez plus
les pleurer. La fecurité eft la mere de la négligence :
il faut que vous foyez en crainte pendant le peu de
tems de cette v ie ; pour arriver à la fecurité ôc à la
joye éternelle.
C ’eft environ ce tems , où faint Théodore Si-
ceotefutappellé à C. P. Apres dix ans d'épifeopat,
il exécuta le deffein qu’il avoit depuis long-tems ,
de quitter l'églife , dont il ne s’étoit chargé , que
malgré lui. En fon troifiéme voyage de Jerufalem,
il avoit réfolu de demeurer dans la laure de faint
Sabas ; mais faint George lui apparut en fo n g e , 5e
lui ordonna de retourner en ion païs. Un faint
ermite de la haute S y r ie , nomme Antiochus , pafta
chez lui revenant de C. P. Il étoit âgé de cent ans ;
d y en avoit foixante , qu'il n’ufoit ni de v in , ni
d’huile; ôc trente qu’il ne mangeoit point de pain,
ne vivant que d’herbes crues , avec du fel ôc du
vinaigre. Etant confulté par faint Théodore
fur fon deffein de retraite ; fi lui confeilla de
l ’executer au plutôt , ôc mourut peu après l ’avoir
quitté. Saint Théodore fouffroit étrangement dans
l ’epifeopat : ne pouvant fe refoudre à quitter la
contemplation , pour les affaires temporelles. Il
avoir affermé les terresde l’égi ifeàun citoyen nomme
Theodofe. Les laboureurs vinrent fe plaindre
avec larmes , qu’il les malcraitoit : le Saint exhorta
odofe a k corriger : mais celui - ci fie encore
pis ; enforte que les païfans s'alTerablerent, armez
0 epees ôc de frondes , menaçant de le tuer. Il
Z iij
X X V I .
Saint Théodore
Siceote quitte
l’épifcopat.
Vit a apé Boll.zil
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