
3 1 S H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
promit de livrer Edoüin : qui en étant averti la n u it,
par un am ifid e le , fortit hors du palais , 8c s’affit à
la porte fur une pierre , fo r t embaraffé du parti
qu’il d evo it prendre. Alors il v it un h om m e , donc
le vifag e 8c î’h a b itlu i étoit inconnu, qui lui demanda
ce qu’il faifoit là feul à une telle heure , 8c
ajouta : Que donneriez-vous à celui qui vous déli-
v re ro it de cette in q u ié tu d e , en perfuadant à R e -
duald de ne vous point l iv r e r , ôc de ne vous faire
aucun mal ? Edoüin promit de donner çout ce qui
dépendroit de l u i , ôc l ’inconnu ajouta : Et fi on.
vous promettoit de vous délivrer de vos ennemis, 8c
vous faire r o i , 8c plus puiflant que tous les rois A n -
g lo is qui vous ont précédé. Enfin il ajouta pour
la troifiéme fois : Et fi celui qui vous aura prédit
de fi grands biens vous donne des confeils plus utils
pour vô tre fa lu t , 8c pour la conduite de vôtre v i e ,
qu’aucun de vos peres ou de vos parens n'en a jamais
reçus, promettez-vous de les recevoir 2 Edoüin
le p rom it , 8c auifi-tôc l’inconnu lui mit la main fur
la tê te , en difant : Quand la chofe fera a r r iv é e , fou-
v en e z -v ou s de ce que nous diions aujourd’hui, 8c ne
manquez pas d’accomplir vôtre promeiTe. Il difparut
incontinent : Edoüin demeura fort confolé ; 8c fon
ami v in t lui d ir e , qu’il étoit en feureté, 8c que le roi
Edelfrid , à laperfuafion de la reine fa femme a vo it
refolu de le défendre, il le fit en e ffe t, attaqua même
Reduald , Ôc le défit ; ainfi Edoüin parvint à la
couronne.
L ’évêquc Paulin fçachant donc cette p r é d iû io n ,
entra chez le roi E d oüin, comme il penfoit au parti
t r v R E T r e n t e - S e f t i e ’m e . 31?
qu’il devoit prendre fur la religion , lui mit la
main fur la té t é , 8c lui demanda s’il reconnoif-
foit ce fignal. Le roi tremblan t, voulut fe jetter
aux piedsj de l ’é v ê q u e , qui le r e le v a , 8c lui die
doucement : Vous vo y e z que Dieu vous a délivré
de vos en n em is , 8c qu’il vous a donné le royaume
que vous défi riez : fouvenez-vous d'accomplir
la troifiéme chofe , que vous avez promife , qui eft
de recevoir la f o i , 8c garder fes comm’andcmens.
Le roi demanda encore du tem s , pour conférer
avec ceux de fon co n fe il, afin qu’ils fufient bapti-
fe z tous enfemble, 8c l’éveque y confentit. Le roi
ayant donc aifemblé fon co n fe il, 8c demandé les
a v i s , Coïfi le premier de fes p o n tife s , dit : C ’eft
a v o u s , feigneur , de vo ir quelle eft cette doélrine,,
qu’on vous prêche maintenant : pour moi je puis
vous alfurer crès-certainement, que la re lig ion que
nous avons fuivie jufques ici n’eft d’aucune utilité..
Car aucun des vôtres n’a fe rv i nos dieux plus cxaébe-
ment que moi; 8c toutefois il y en a plufieurs qui o n t
reçu de vous de plus grands bienfaits 8c de plus grandes
d ig n ite z , 8c qui réufïiffent m ieux en toutes leurs
affaires. Un autre ajouta : La v ie prefente me paroîc
femblable au vol d’un petit oifeau, qui pafte en h iver
dans une fallc où vous faites bonne cher près d’un
grand feu.. Cet oifeau traverfant d’une porte à l’autre
, fe fent un moment de la chaleur de la fale , 8c
difparouà vos yeux, il en eft ainfi de la v ie humaine,
8c nous ne fçavons ce qui la précédé, ni ce qui la fuir..
Si cette nouvelle doétrine nous en apprend quelque