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' ' detraiterainfiunévêque. Enfuite il conjura inftatti-
N. (ij4 . ment l ’empereur, de fe contenter de ce que le pape
a voit fouffert. Paul mourut en e ffe t, après avoir
tenu le fiege de C . P. treize ans ; & Pyrrus,qui étoit
sup.Uv. xxxrm. prefent, voulut y rentrer. Mais plufieurs s’y oppo-
fo ie n t , & publioient dans le palais le libelle de re-
tra é ta tion , qu’il a vo it donné au pape Théodore :
foûtenant qu’i l s’étoit par-là rendu indigne du fa-
* 4°. cerdocc , ¿c que le patriarche Paul l’avoit anathe-
matifé.
v i r r. Comme le trouble étoit grand à cette occafion ,
Second interro- i» 1 A / -i • • i ta
gatoiredupape. I empereur voulut etre é c la irc i, de ce que Pyrrus
avo it fait à Rome : & pour cet effet , il en vo ya
Demofthene commis du facellaire, avec un greffier,
pour interroger le pape dans la prifon. Quand ils
furent en tre z , ils lui dirent : V o y e z en quelle
gloire voüs avez été , & en quel état vous êtes réduit.
C ’eft vous feul, qui vous y êtes mis-. T e pape
répondit feulement : Dieu foit loüé de tout. D e -
mofthene dit : L'empereur veut fçavoir de vous, ce
qui s’eft paffé ici & à Rome à l’égard de Pyrrus ,
ci-devant patriarche. Pourquoi a lla -t-il à Rome ?
Fut-ce par ordre de quelqu'un , ou de fon mouvement
? D e fon propre mouvement , répondit le
pape. Demofthene d it: Comment fît -il ce libelle?
Y fu t-il contraint ? Le pape répondit : Non ; il le
fit de lui-même. Demofthene dit : Quand Pyrrus
v in t à R om e , comment le pape T h éo d o re , vôtre
predeceifeur , le reçut-il s comme un évêque ? Le
pape répondit : Et comment donc ? Puifqu’avant
que Pyrrus vint à R om e , Théodore avoit écrit
i l V R E T R Ê H T Ë - N E U V I E ’ mE. $ i j
nettement à Paul, qu’il n a v o it pas bien fa itd ’ufur-
per le fiege d’un autre. Pyrrus venantenfuite de lui-
même aux pieds de faint Pierre , comment p o u -
v o it-il s’empêcher de le re ce v o ir , & de l’honorer
comme évêque? I l c ft ’v ra i, dit Demofthene. Mais
d’où tiroit-il fa fubfiftance? Le pape répondit:Sans
doute du palais patriarcal de Rome. Demofthene
dit : Quel pain lui donnoit-on? Le pape répondit :
Vous ne connoifficz pas-l’églife Romaine. Je vous
dis, que quiconque y vient demander l ’hofpitali-
t é , quelque miferable qu’il fo it, on lui donne toutes
les chofes neçeiTaires : faint Pierre ne refufe per-
fonne. O n lui donne du pain tre s-blanc, & des
vins de diverfes fortes : non feulement à lu i , mais
aux fiens. Jugez par là comme on doit traiter un
évêqüe,
Demofthene dit : O n nous a d i t , que Pyrrus a
fait ce lib elle par fo r c e , qu’on lui a mis des entraves
& fa it fouffrir beaucoup de maux. Le pape
répondit : O n n’a rien fait de femblable. V o u s
avez à C . P. plufieurs perfonnes, qui étoient alors
à R om e ,. & qui fçavent çe qui s’y eft paffé , fi la
crainte ne les empêche de dire la vérité. Vous avez
entre autres le patricc Platon, qui étoit exarque, &
qui en vo ya fes gens à Pyrrus. Mais à quoi bon
tan t de queftions ? me voilà entre vos m a in s , fa ites
de moi ce qu’il vous plaira. Quand vous me
feriez hacher en pièces comme vous avez ordonne
au prefet, je ne communique point à l ’églife de
C . P. Eft-il encore queftion de P y r ru s , tant de
fois depofé & anathematifé ? Demofthene 8c ceux
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