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Av.g.ferm.17%.
n. 3 .al. 34. de diverse•
3.
xiv- Dijceurs fur l’Hifiaire
tenir des années entières, hors la. porte de l'églife, èxpofez au mé-
pris de tout le monde :*puis d’autres années dans l ’églife , mais
profterncz : les obliger à: porter des cilices , des cendres fur la
iête , à fe laiffer croître la barbe & les cheveux , à jeûner au pain
& à Teau ,■ à demeurer enfermez & renoncer au commerce de la
vie : n’étoit-ce pas de quoi defelperer les pecheurs , & rendre la
religion odieufe ? J’en dirois autant, à ne confulter que les idées
ordinaires. Mais je fuis retenu, premièrement par les faits^que je
vous ai rapportez. Je ne les ai pas inventez : ils ne me feroient
pas même tombez dans l ’eiprixa ils font conftans, vous pouvez les
verjfier vous mêmes. Sur quoi je raifonne ainii: Nous n’avons pas
fait nôtre religion ; nous l’avons reçue de nos peres , telle qu’ils
i ’avoient reçue des leurs, jufqucs à remonter aux apôtres. Donc
il faut plier notre raifon, pour nous foûmettre à l ’autorité des premiers
tems, non feulement pour les dogmes, mais pour les pratiques.
Enfuite examinant les raifons, que les anciens nous ont données
de cette conduite fur la penitence, je les trouve très-folides. Le
péché, difent-ils, eil la maladie de l ’ame : or les maladies ne fe
gueriflent pas en un moment. Il faut du tems , pour éloigner les
©ceafions & ddîîper les images criminelles : pour appaifer les paf-
fions : faire concevoir l’énormité du péché , fonder à fonds tous
les replis d’une confcience, déraciner les mauvaiiès habitudes, en
acquérir de contraires, former des refolutions folides , & s’af-
furer foi-même de la lincerité de fa converfion. Car fouvent un
homme fe trompe, fans le vouloir , par une ferveur ienfible, mais
paiîagere. D ’ailleurs la longûeur de la penitence , étoit propre à
imprimer fortement l’horreur da peclvé , & la crainte de la rechûte*
Celui qui pour un feul adultéré, fe voyoit exclus des facremens pendant
quinze ans: avoit le loifir de connoître le crime qu’il avoit
commis, & de penfer combien il feroit plus horrible d’être à jamais
privé de la vûë de Dieu. Celui qui étoit tenté de commettre
un pareil péché, y penioit à deux fo is, pour peu qu’il eût de
religion; quand il prévoyoit , qu’un plaifir d’un moment auroit
infailliblement, dès cette v ie , de fi terribles fuites : ou de faire
pendant quinze ans une rude penitence, ou d’apoftafier& retourner
au paganifme. Car un an de fouffrances prefentes frappe plus
l ’imagination, qu’une éternité après la mort. L ’éclat des pénitences
faifoit fon e ffet, non feulement fur les-penitents. mais fur les
fpeâateurs : l’exemple d’un feu l, empêchoit plufieurs pechez,&
le refpeéfc humain venoit au fecours de la foi. On recouvre peu à
p eu , dit faint Auguftin , ce que l’on a perdu tout à la fois. Car
fi l’homme revenoit promptement à fon premier bonheur, il re-
garderoit comme un jeu la chûte mortelle du péché.
des fix premiers Siècles de l’EghJe. x v
Que il nous en jugeons par les e ïe t s , nous verrons encore combien
cette rigueur étoit falutaire. Jamais des pechez n’o.nt été p.ius
rares parmi les Chrétiens; & à proportion que la difcipline s’eft
relâchée., les moeurs fe font corrompues. Jamais il ne f c i l converti
plus-d’infideles, que quand .rexamen des catécu menés étoit
fe plus rigoureux, & les penitences, des baptifez, les plus feveres.
Les oeuvres de Dieu ne fe .mènent pas par une politiquehumaine.
Mous le voyons en petit d a n s des communautez religieufes. Celles
qui ont relâché leur .obfervance, diminuent de jour en jour -:
quoique le prétexte du relâchement fait d'attirer plus.de i ni et s, Cil
s'accommodant à la foibleife humaine. Les maifons les plus régulières
& les plus aufteres,.font Celles où on xempreffe le plus
tie trouver place.
Auffi faudroit-il être bien temeraire pour accufer de dureté ou
d'indiferetion, je ne d s pas les apôtres infpirez de D ieu , mais
faint Cyprien, faint Grégoire Thaumaturge, faint Baille & les
autres, qui nous ont laiffé ces réglés de penitence. A ne regarder
que lès difpofitions naturelles,nous ne connoiffons point a hommes
plus fages, plus doux, plus polis t la grâce venant par rlcflus,
ne les avoit pas gâtez. ïis-fe propofoient toujours pour modèle,
celui qui éft venu fauver !es ames, & non pas les perdre, qui eft
doux & humble de coeur. Les peuples, qu'ils avoient à gouverner,
n ’étoient pas non plus des nations dures & fauvages : c etoient des
Grecs & des Romains, dont les moeurs dans Ta décadence de
l ’empire , n’étoient que trop amolies par le luxe & la faufle po-
•litenè.
D'où venoit donc cette rigueur des penitences : de l’ardente
charité de ces faints pafteurs, accompagnée de prudence & de
fermeté. Ils vouloient ferieufement la converfion des pecheurs,
ôc n’épargnoient rien pour y parvenir. Un médecin flateur, in-
tereifé ou pardieux, fe contente de donner des remedes paliatifs,
qui appaifent la douleur dans le moment, fans fatiguer le malade.
XI ne fe met pas en peine s’il retombe fréquemment,& s’il mene
une vie languiffante & méprifahle: pourvu qu il fait bien .paye,
lans fe donner beaucoup de peine qu’il contente les malades,,
dans le moment qu’il les voit. Un vrai médecin aime mieux n’en
traiter qu’un petit nombre 8c les guérir. Il examine tous les aeci-
dens de la maladie ; en approfondit les caufes & les eflets; & ne-
craint point de preferire au malade le régime le plus exaâ & les
remedes les plus douloureux, quand il les juge propres, pour
tarir la fource du mal. Il abandonne le malade indocile, qui ne
Veut pas fe foûmettre à ce qui eft necelfaire pour guérir, ivj
Ainfi nos faints évêques n’accordoient la penitence qu’à ceux,
qui la ,demandoient, & qui témoignoient vouloir fincercment fe.