
i S i H i s t o i r e Ec c l e s i a s t i q u e :
revint à la v ille chercher dufecours : c e que le faine
évêque ayant appris, il paiTa le jour en prières & en
larmes ; craignant qu’il n’arrivât quelque meurtre i
àc ayant fait venir Th eo d o fe , il lui défendit de retourner
en ce lieu-là. Celui-ci fe pla igni t , que c’é-
t o i t l ’évêque, qui rendoit ces païfans infolens : lui
dit beaucoup d’injures , & pouffa du pied fon fiege
il rudement, qu’il le fit tomber à la renverfe, ajout
a n t , qu’il lui demanderoit deux livres d’or de dédommagement
, pour n’avoir pas achevé le tems de
fon bail. Le faint évêque fe rele va, & fans s’émou-
v o i r , fit ferment , qu’il ne feroit plus leur év êque ,
&c qu’il rctourneroit à fon monaftere. Il fut même
empoifonné, & demeura trois jours comme mort :
mais la faiute Vie rg e lui apparut , lui donna trois
g ra ins , qui le gué r irent , & lui découvrit les auteurs
du crime , qu’il ne déclara jamais : feulement il
pria Dieu pour eux. On l ’accufoit de s’appliquer
trop à fon monaftere, de lui donner au préjudic
e de fon églife ; & toutefois de trois cens foixante-
c in q fous d’o r, qu’il avoir par an pour fa table , il
n’en dépenfoit que quarante, & donnoit le refte à
l ’églife. I lv o y o i t , que les citoyens ne profitoient
point de fes inf truéfions, & demeuroient dans leur
vie corrompue; & que d’ailleurs , fes moines fe relâchant
par fon abience , penfoient à quitter les
monafteres.
Enfinaprès avoir beaucoup prié , & s’ être affuré
que fa retraite étoit agréable à Dieu , il affembla
fon clergé 5c fon peuple , & leur dit : Vous fç a v e z ,
mesffreres, que vous m’avez impofé ce joug malgré
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moi ; & quoi que je puiffe dire de mon incapacité ,
vous avez voulu vous fatisfaire : voici l ’onziéme année
que je vous fa t igue , &c que vous me fat iguez ,
C ’eft pourquoi, je vous prie de vous chercher un
pafteur. Pour m o i , je ne le veux plus ê t re , mais je
retournerai à mon couvent, comme un pauvre moine,
pour y fervir Dieu toute ma vie. Ayant ainfi parlé,
il prit avec lui Jean archidiacre deion monaftere,.
& s'en alla à Ancyre , 011 il pria l ’évêque P au l , fon
métropolitain ,d e lui donner un fucceffeur. Paul ne
pouvoir s'y réfoudre; & après une grande contefta-
tion, ils convinrent de s'en rapporter à Gyriaque patriarche
de C. P. Saint Théodore fupplia donc l ’empereur
& le patriarche de lui donner un fucceffeur f
Paul d'Ancyre expliqua les raifons de fon oppofi-
cion. Mais Cyriaque lui répondit par ordre de l ’empereur
qu'il devoir recevoir la demifllon de T h é o dore
; lui laiffant toutefois les marques de l’épifco-
pat, enconfideration de favertu; ce qui fut exécuté.
^ Quelque tems après fa retraite , l'empereur Maurice
, le patriarche Cyriaque & les grands, le prièrent
par lettres de venir â C. P. pour leur donner fa
benedi&ion. Dans le peu de tems qu’il y demeura ,
¿1 fit de grands miracles rentre-autres, il guérit de la
lèpre un des enfans de l ’empereur. Il obtint de
grands privilèges pour fes monafteres ; & ils furent
exemptez delà jurifdiétion de tout autre évêque^, ôt
fournis feulement à l’églife de C. P. Ces commen-
eemens d’exemptions des moines, font remarquables
; & nous en avons déjà vû quelque exemple en
Afr ique, 1 1
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S u p . I f a x g x ï
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